264 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
de cette chaîne sont composés de dépôts probablement tertiaires;
ce sont ces dépôts qu'il nous reste à examiner ici.
L'espace compris entre Tclioroum et le ^•illage Elmin
est occupé par une rangée de hauteui's composées de calcaires
et de grès foncé ou jaunâtre, à couches plongeant le
plus souvent au sud 20° ouest, sous des angles de 60 à
70 degrés. 11 est d'autant plus probable que ces grès, et par
conséquent les calcaires et marnes avec lesquels ils altei'nent,
appartiennent au terrain tertiaire inférieur, que dans la maçonnerie
d'un Teké (chapelle commémorative musulmane)
situé à peu de distance au sud de Tchoroum, près de l'entrée
de la ville, j'ai observé des dalles d'un grès analogue à
celui dont il s'agit, renfermant des Nummulites ; selon toute
vraisemblance, ce sont les hauteurs limitrophes de Tchoroum
qui auront fourni les matériaux employés à la construction
de l'édifice susmentionné, en sorte qu'un examen plus
attentif aurait sans doute pour résultat de découvrir la roche
fossilifère sur place.
Après avoir traversé la région centrale du Keussé Dagh
qui, comme nous l'avons vu S est formée par des Schalslein
que j'ai provisoirement rangés dans les lermins de
transition indéterminés, on descend le versant occidental
de la montagne, le long de vallées et de gorges bordées
de rochers de grès noir schisteux, très-analogue à
celui qui dans les parages de Yuzgat renferme des fossiles
caractéristiques pour le terrain tertiaire inférieur, ainsi que
nous le verrons en nous occupant de cette dernière contrée.
A mesure qu'on descend, les grès noirs se trouvent remplacés
par des masses de gypse à couches plissées et con-
1 • Voyez Terrains de Iransilion, p. 631.
C H A P I T R E IV. 265
tournées. Il est probable que ce phénomène de perturbation
stratigraphique aura été causé par l'éruption des serpentines
qu'on voit surgir çà et Là non-seulement dans
la partie centrale du Keussé Dagh, mais également sur
son versant occidental dans la proximité des gypses. Aussi,
tant que ces derniers se présentent en couches redressées,
on est naturellement amené à les rattacher aux marnes et
grès signalés sur le versant opposé (oriental) de la montagne,
où ces dépôts offrent des caractères stratigraphiques
semblables ; hypothèse d'autant plus admissible que l'ensemble
de toutes ces roches rappelle parfaitement les dépôts
gypsifères des régions éocènes de la péninsule; mais
l'assimilation dont il s'agit n'a plus la même valeur à
l'égard des gypses, qui un peu plus loin (c'est-à-dire plus
près d'Iskelib) sont horizontalement stratifiés et sembleraient
par Icà se rapporter à une autre époque que les
gypses à couches redi'essées.
Toutefois, lorsqu'on considère que l'un des traits les
plus caractéristiques du grand domaine gypsifère de l'Asie
Mineure consiste précisément dans les divergences stratigraphiques
les plus tranchées, souvent réunies dans un
espace très-restreint, ainsi que le prouvent les contrées situées
entre Sivas et Zara et tant d'autres points, on est
porté à admettre que, dans les parages en question, les dépôts
de gypse si différemment stratifiés n'en font pas
moins partie du même terrain, en indiquant les phases diverses
de repos et de convulsion dont l'époque éocène a
été marquée dans cette région.
A mesure que l'on s'éloigne du Keussé Dagh dans la
direction d'Iskelib, on voit la plaine s'abaisser insensiblement
de l'est à l'ouest, c'est-à-dire vers le Kizil Irmak ;