T E R R A I N CRÉTACÉ.
pues par la grande plaine diluvienne d'Ismid, qui se déploie
jusqu'au lac de Sabandja. Celui-ci ne paraît être
qu'une dépression locale, bordée au nord et au sud par les
mêmes hauteurs, car, ainsi que nous le verrons, ces hauteurs
encadrent tant la rive méridionale que la rive septentrionale
du lac, et se prolongent dans cette dernière direction
jusqu' à Guebizé.
A 4 lieues environ à l'ouest de la ville d'Ismid, la
chaîne des hauteurs littorales se rapproche de plus en plus
de la mer, en sorte que la route qui conduit à Guebizé
se réduit à un sentier étroit, au milieu de rochers d'un
grès à grain fin et tellement compacte qu'on le prendrait
à première vue pour une roche cristalline. Ce grès passe
insensiblement a un calcaire à cassure conchoïde, et puis
reparaît de nouveau, mais sous un autre aspect, ayant
un grain beaucoup plus grossier, et une teinte rouge. Les
rochers que compose ce grès sont assez pittoresquement
découpés et ornés d'une belle végétation ; ils se trouvent
séparés de la mer par une plage peu considérable, sur
laquelle est située, près du village Yarimdja, la belle manufacture
de soieries appartenant au gouvernement et dirigée
par des Français et des Italiens, dont la présence donne
à ces parages le caractère d'une colonie européenne au
sein d'une population éminemment musulmane \
Tout autour de cet établissement, les grès rouges et les
calcaires gris passent à un calcaire blanc, très-analogue à
celui qui, dans les environs d'Eregli, renferme des fossiles
crétacés, ce qui ajoute un degré de probabilité de plus à
1. Tel était du moins le cas lorsque je me trouvais en ces lieux le
4 octobre 1849.
CHAPITRE PREMIER. 45
l'hypothèse qui m'a fait placer dans le terrain crétacé les
calcaires et les grès, dont sont composées les deux rives du
golfe d'Ismid. Au reste, il est possible que les grès rouges
crétacés qui bordent à une certaine distance la côte méridionale
de ce golfe, soient flanqués d'un dépôt nummulitique
tout h fait local, formant une bande étroite entre les
grès et la plage marine, ce qui rendrait compte de la présence,
entre Yalova et Karamoursal, des blocs calcaires
susmentionnés renfermant des Nummulites.
Les rochers de calcaire blanc qui, dans les parages de
la manufacture de soieries, s'élèvent le long de la côte,
finissent par envahir la plage, à peu de distance à l'ouest
de cet établissement; en sorte que près du village Taouchandji,
ils forment des massifs considérables, à couches
verticalement redressées, plongeant brusquement dans la
mer. Cependant à l'ouest de Taouchandji, dans la direction
de Guebizé, les montagnes littorales s'abaissent et se réduisent
enfin à des collines arrondies de sable et de conglomérat,
sillonnées par des ravins qui laissent çà et là percer
le calcaire blanc, à couches tantôt inclinées au nord sous
des angles de 25 à 30 degrés, tantôt disposées en bancs
presque horizontaux; la contrée perd de plus en plus sa
belle végétation et revêt une physionomie monotone et aride,
à mesure qu'on se rapproche du domaine des terrains de
transition.
Le versant oriental de la hauteur dont le revers opposé
porte le gros village Guebizé \ présente plusieurs affleiu'ements
du calcaire blanc, plougeaut à l'est sous des angles
de 20 à 25 degrés, affleurements qui paraissent représen-
'1. On croit que Guebizé est l'endroit où mourut Annibal.