194 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
vallée s'élargit el se confond avec la vasle plaine marécageuse
traversée par les bras nombreux qui constituent
l'embouchure du Gediz Tchaï.
La baie d'Eltea se trouve également bordée de hauteurs
calcaires, seulement la roche est différente de celle qui
compose les hauteurs de la baie de Myrina, car elle a une
grande analogie avec les calcaires lacustres de l'Asie
Mineure; cependant ses couches sont plus ou moins fortement
redressées et plongent au nord 25» est, c'est-à-dire
exactement dans le même sens que les calcaires de la baie
d'Eloea.
Du côté du sud-est, la baie d'Eloea se confond avec
une plaine alluviale limitée par les massifs trachytiques du
Hassan Dagh, tandis que des côtés du nord et du nordest,
les calcaires qui encadrent la baie continuent sans
interruption jusqu'à la vallée du Bakur Tchaï, tout en
oiïrant de fréquentes variations sous le double rapport stratigraphique
et pétrographique. Ainsi, d'une part ils affectent
quelquefois une stratification parfaitement horizontale
à côté de dépôts exactement de la même nature, mais ayant
leurs couches plus ou moins redressées, en conservant le
plongement a.u nord-est ; d'une autre part, les calcaires et
marnes, généralement de teinte blanche et de texture compacte,
deviennent friables, terreux, ou alternent avec des
calcaires foncés qui exhalent une odeur bitumineuse sous le
marteau, c'est ce cjui a notamment lieu dans les parages
limitrophes de Kilissé.
Les hauteurs calcaires qui portent ce misérable village,
d'oi^x l'on jouit d'une très-belle vue, s'abaissent insensiblement
vers la mer, tandis que du côté du nord elles constituent
le bord méridional de la vallée du Bakur Tchaï en
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formant une séiie de hauteurs composées d'un calcaire jaunâtre,
à cassure esquilleuse ou conchoïde. La l'oche est
divisée en plaques ou dalles qui plongent au sud 65° est, et
qui percent fréquemment tout le long de la rive gauche du
Bakur Tchaï, en passant çà et là à un calcaire noir à odeur
bitumineuse, rappelant certains calcaires paléozoïques ;
cependant toutes ces variétés sont si intimement liées entre
elles, qu'elles ne paraissent être qu'autant de mochfications
locales ou accidentelles de la même roche, qui domine nonseulement
dans la chaîne de hauteurs échelonnées le long
du bord gauche de la vallée du Bakur Tchaï, mais encore
dans celles cjui sillonnent la contrée comprise entre cette
vallée et Menimen, c'est ce qui fait que j'ai provisoirement
rangé tous ces dépôts dans le terrain tertiaire inférieur.
Ce n'est qu'à l'est (tout à côté) de Bergama que les calcaires
qui composent le bord gauche de la vallée du Bakur
Tchaï se montrent également sur le bord opposé, d'oii ils
s'étendent jusqu'à Erkut. Nous y reviendrons après avoir
remonté la vallée du Bakur Tchaï.
Les roches calcaires dont sont composées les hauteurs
qui bordent des deux côtés la partie supérieure de la vallée
du Bakur Tchaï, présentent à l'est de la ville de Bergama
les plus grandes variétés, et augmentent par là l'embarras
déjà si grave qu'éprouve le géologue à déterminer l'âge de
dépôts dénués de caractères paléontologiques, et n'oifrant
aucune relation de gisement clairement prononcée à l'égard
des dépôts limitrophes. C'est ainsi que, près de Yahya Koï,
les calcaires qui, entre ce village et Kilissé, sont blancs,
friables, à faciès tertiaire, deviennent subitement cristallins,
foncés, et revêtent l'aspect des calcaires du terrain de
transilion. Plus à l'est, et déjà vers l'extrémité orientale de