Otì TERRAIN CRÉTACÉ.
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la rive dmite de l'Tris (Yeschil Irraak). Il faut environ une
heure pour en faire l'ascension, car on n'avance que trèslentement,
ayant sans cesse à franchir des ravins ou à
escalader là où l'on ne peut les tourner, soit d'énormes blocs
entassés à la suite d'ébouleraents, soit des arêtes et des
protubérances coniques qui hérissent les flancs de la montagne.
En gravissant le revers méridional de cette dernière,
on voit d'abord se dresser des masses mamelonnées d'an
calcaire noir ou grisâtre, fréquemment cristallin, éclatant
sous le marteau comme du verre; la roche offre çà et là
une stratification distincte, et alors les couches souvent
très-puissantes, sont verticalement relevées, ou plongent
soit à l'ouest, soit au nord-ouest-nord. A mesure qu'on
monte, ces masses calcaires se trouvent localement interrompues,
tantôt par une roche verdâtre analogue à certaines
variétés de la grauwacke, tantôt par un micaschiste
très-quartzeux, souvent réduit au quartz seul. La roche à
fades de grauwacke présente les plus grandes variétés :
qui y est mort après l'avoir liabitée longtemps en ermite, tout en exerçant
son art au profit des populations par lesquelles il était vénéré, non-seulement
comme un bienfaiteur, mais encore comme un saint dont l'action
surnaturelle se manifestait par des cures miraculeuses. 11 en est probablement
de cette légende, appliquée à la montagne d'Amasia, comme de la plupart
des traditions populaires qui perpétuent le souvenir confus et défiguré de
certains faits et de certains noms, en les rattacliant à des époques et à des
régions différentes de celles auxquelles ils se rapportent réellement. Dans
tous les cas, le nom de Lokman, très-connu dans la littérature arabe, n'y a
aucune relation avec l'Asie Mineure. Selon Herbelot {Bibliothèque orientale,
t. II, p. 485-488), lalittératuro arabe compte plusieurs personnages de ce nom,
célèbres par leur sagesse et doués d'une longévité qu'on évaluait à plusieurs
siècles, mais la plupart étaient natifs de la Nubie, et aucun parmi eux n'est
mentionné comme ayant séjourné en Asie Mineure. Cependant, ainsi que le
pense Herbelot, le Lokman arabe a, sous plus d'un rapport, tant de ressemquelquefois
elle est d'un vert foncé ou sale, de texture
grenue, éclatant sous ie marteau en esquilles ou en grains
menus et effervcsçant fortement avec les acides ; d'aulres
fois, sa texture est schisteuse, sa teinte d'un vert clair ou
d'uii giis cendré et ses surfaces luisantes et grasses au
toucher, en un mot rappelant beaucoup les talcschistes, tout
en effervesçant avec les acides; enfin à côté de ces masses
évidemment non homogènes et coiTiposées d'éléments tantôt
mécaniquement mélangés et soudés, ainsi que c'est le
cas avec la roche à faciès de grauwacke, tantôt cristallisés
dans un magma commun , tels que les micaschistes, se
présente un calcaire grenu, blanc verdâtre ou vert bleuâtre,
souvent à structure schisteuse, et passant à un calcaire
siliceux à grain très-fin, de teinte jaunâtre, simulant parfaitement
certaines marnes secondaires ou même tertiaires.
Toutes ces roches à aspect si différent et rappelant des
terrains d'âge si divers, se trouvent agglomérées d'une
manière tellement chaotique qu'il devient impossible de
bianco avec YÉsope phrygien, qu'il est possible que l'un et l'autre se
rattachent au même type. Au reste, la légende relative à Lokman ne paraît
avoir été introduite en Asie Mineure et appliquée à la montagne qui porte
aujourd'hui ce nom, que depuis l'invasion des Arabes, c'est-à-dire depuis
le VIII« siècle, et rien n'empêcherait d'admettre que cette localité eût en effet
servi de retraite à un ermite en odeur de sainteté, auquel les Orientaux
auraient donné ce nom, puisé dans les réminiscences do leur littérature
nationale. Il est vrai que, parmi les voyageurs du moyen âge, aucun, que je
sache, ne mentionne le mont Lokman, mais au milieu de leurs courses
rapides à travers une contrée lointaine et inhospitalière, une simple montagne,
n'ayant dans sa physionomie extérieure rien de particulier, a pu être
pour eux un objet de parfaite indifférence, surtout lorsqu'on considère que,
même à notre époque oii chaque jour Amasia est visitée par les Européens,
la montagne dont il s'agit n'avait encore jamais été scientifiquement examinée.
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