404 T E R R A I N TERTIAIRK INFÉRIEUR.
CHAPITRE Vin. 405
terrain tertiaire inférieur, quoique probablement à un étage
diilerent. Ces dépôts constituent une longue bande, qui
s'étend depuis l'extrémité orientale du Segri Dagli jusque
bien au delà de Sivas.
Afin de nous former une idée générale de cette région,
nous allons la parcourir dans les directions suivantes :
d'abord depuis le massif montagneux du Khanzir Dagli jusqu'au
village de Tchiftiik, ensuite de ce dernier jusqu'à Tonouz,
et enfin depuis Kaïsarié jusqu'à Sivas, en passant par
Pallas, Gemei'ik, ïcliercliilar, Khanlu, Apardi et Tekmadj.
IV.
Lorsque après avoir remonté du sud-ouest au nord-est
cette partie de rAnti-Taurus qui longe la rive gauche du
Zamantia Sou, on atteint l'extrémité sud-ouest de la chaîne
du Khanzir Dagh, extrémité désignée par le nom local de
Djalaghan Dagh, la physionomie extérieure des montagnes,
mais surtout les caractères pétrographiques et stratigraphiques
des roches qui les composent, subissent un brusque
changement. Tandis que les massifs situés au sud-ouest du
Djalaghan Dagh sont tous composés de calcaire bleuâtre
foncé et de thonschiefer, analogues à ceux qui composent
les deux rives du Bosphore, et comme celles-ci renferment
des fossiles dévoniens, le Djalaghan Dagh reproduit le
grand type des grès rouges, des calcaires siliceux, des
marnes et des gypses, si caractéristiques pour cei'tains
dépôts du terrain tertiaire inférieur de l'Asie Mineure, et
ce type se soutient invariablement dans toute la cont^rée
comprise entre le Djalaghan Dagh et le village Tchiftiik,
c'est-à-dire sur une ligne de plus de 5 lieues, du sud-est
au nord-ouest.
La roche qui domine sur cet espace est un calcaire
sihceux et marneux, dont plusieurs variétés rappellent les
roches qui, dans les parages de Yuzgat, renferment des
fossiles tertiaires inférieurs. La contrée y est composée de
vallées peu profondes et de plateaux légèrement renflés,
bordés de montagnes complètement nues, à contours arrondis,
et remarquables par la disposition de leurs couches,
plissées et alignées avec une telle régularité, une telle élégance,
cfue l'on eût cUt de colossales arabesques pétries en
argile plastique; on ne voit partout que des surfaces tantôt
verticalement ou obliquement rayées par des zones ou
bandes étroites tracées comme au cordeau, tantôt revêtues
de plaques oblongues ou demi-circulaires qui représentent
autant de couches repliées sur elles-mêmes en forme de fer
à cheval ou de croissant, et dont l'ensemble simule au loin
de gigantesques écailles imbriquées.
Un phénomène semblable, reproduit par des roches analogues,
se présente également en plusieurs endroits, dans la
contrée comprise entre Tchiftiik et Karagueul, sur le sentier
même qui conduit de Kaïsarié à Sivas. C'est une contrée
ondulée, bordée au sud-est et au nord-ouest par des grès
et des calcaires noirs siliceux, rappelant beaucoup ceux des
environs de Yuzgat. Les montagnes et les vallées offrent de
nombreuses dénudations de grès rouge, gris et blanchâtre,
tantôt à texture grenue et d'une grande dureté, tantôt passant
à une masse friable, ou bien à un calcaire marneux
souvent micacé, d'un brun de chocolat. Ce qui caractérise
particulièrement tous ces dépôts, ce sont les brusques tran