106 TERBAIN CRÉTACÉ.
dépôts caractérisés à Amasia par des Hippurites, plusieurs
points des environs de Tokat, paraissent indiquer ciue ces
dépôts crétacés reposent immédiatement sur les terrains de
transition. En effet, à 2 lieues environ au nord de Tokat,
non loin du petit village ïekhné dont l'altitude est de
9ho mètres, on voit dans une vallée étroite, formée par le
lit desséché d'un torrent et encombrée d'énormes blocs de
rochers éboulés, deux anciens puits c{ue le directeur de
l'usine de Tokat, l'ingénieur autrichien Has, y avait fait
foncer pour atteindre un gîte d'argent sulfuré {Silberglantz),
minéral assez rare, mais dont l'exploitation fut abandonnée
à cause du bénéfice peu considérable qu'elle procurait, le
minerai ne donnant qu'un demi pour cent d'argent. A en
juger par les fragments répandus tout autour de ces anciens
travaux, le minéral se trouvait disséminé dans le calcaire
en petites paillettes associées aux pyrites de fer et de cuivre.
iNon loin de ces deux puits s'en trouve un troisième sur le
versant d'une colline ; il était destiné à atteindre un gîte de
pyrite de cuivre qui donnait trois pour cent de ce métal,
gîte également épuisé aujourd'hui. Or, dans tous ces travaux
souterrains que j'ai visités avec M. Has, je vis dominer
un calcaire foncé cristalh'n parfaitement analogue aux calcaires
dévoniens du Bosphore, et passant insensiblement
tantôt à un talcschiste verdâtre ou à la serpentine, tantôt
au thonschiefer ; en sorte que l'ensemble de toutes ces
roches olTre le caractère d'une seule et même formation,
éminemment empreinte du cachet des terrains de transition;
il s'ensuit que, puisque, dans les parages d'Amasia
et de Tokat, des roches, également à facies des terrains de
transition, doivent néanmoins être rapportées au terrain
crétacé, à cause de leurs relations intimes avec les calcaires
CHAPITRE III. 107
noirs renfermant des Hippurites, on pourrait en conclure,
que cette similitude pétrographique entre des roches d'un
âge si différent tient à l'identité de leurs éléments respectifs,
tout en admettant que sur plusieurs points, des bouleversements
violents ont réellement mis à nu les roches des
terrains de transition, et les ont entassées pêle-mêle avec
les dépôts originairement superposés aux premières, mais
formés aux dépens de celles-ci ^
IV.
Ces associations et mélanges, surtout entre les calcaires
probablement crétacés et les thonschiefer, micaschistes et
roches serpentineuses, non-seulement se reproduisent à
l'est de Tokat tout le long de l'Iris, ainsi que nous le verrons
en continuant notre coupe dans cette direction jusqu'à
Hipsala, mais se complicpent encore davantage par l'adjonction
de roches, ayant tout le caractère de dépôts plus
récents que ceux du terrain crétacé, en rappelant vivement
le faciès du terrain tertiaire.
'1. Les violents cataclysmes dont les contrées d'Amasia et de Tokat
avaient été le théâtre, semblent trouver un écho dans les manifestations
volcaniques qui y ont lieu encore aujourd'hui très-fréquemment, surtout à
Tokat où, d'après le témoignage des habitants, il ne se passe jamais une
année sans que le sol éprouve des secousses plus ou moins fortes, particulièrement
en automne. Il paraît qu'en 1848 ce fut l'été qui avait joui de cette
triste faveur; ainsi il y eut trois secousses dans le mois de juillet et d'août;
celle qui se produisit le 28 août, à 7 heures du matin, n'avait précédé que
de quelques heures mon arrivée à Tokat ; elle fut très-violente avec un vent
du sud fort chaud, mais le phénomène a dû avoir été d'une nature toute
locale, car je n'en avais point ressenti l'effet, bien que je me fusse trouvé k
5 lieues de Tokat.