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trerons de cette dernière ville dans les portions orientales
de l'Asie Mineure, limitrophes de l'Arménie.
Lorsque du cône basaltique du Tauschan Dagh (situé à
peu de distance <à l'ouest du Grand Lac Salé) on se dirige
droit sur le massif serpentineux du Karadja Dagli, on voit
à travers les dépôts lacustres percer des calcaires marneux
ou siliceux, d'un brun de chocolat, à texture grenue ou
amorphe et à cassure esquilleuse ou conchoïde; ils alternent
avec des schistes feuilletés très-minces d'une marne grise
ou bleuâtre; le plongement dominant des couches est au
sud, sous des angles de 30 à iO degrés; souvent le redressement
est vertical.
Il est probable cfue l'ensemble de ces roches à facies
éminemment éocène (du moins pour l'Asie Mineure) ne constitue
dans les parages limitrophes de l'extrémité nord-ouest
du Grand Lac Salé, qu'un aftleurement local des roches de
même nature qui composent (ainsi que nous le verrons
tout à l'heure) une partie de la ceinture montagneuse, dont
ce lac est entouré des côtés de l'est et du nord. Cet affleurement
n'a que très-peu de développement et disparaît
sous la vaste nappe lacustre, à mesure que l'on traverse la
plaine horizontale qui s'étend entre Tauschan Dagh et la
masse serpentineuse du Karadja Dagh, au pied méridional
de laquelle se trouve le village de Kauloukevi.
Cependant on n'a pas plutôt franchi le Karadja Dagh
pour longer la vallée qui se déploie jusqu' à Angora, cjue
l'on voit reparaître les calcaires sous forme d'une roche
jaunâtre ou cendrée éclatant sous le marteau ; dans la
région méridionale de la vallée, cette roche ne fait qu'affleurer
çà et là, la vallée étant bordée de hauteurs trachytiques;
mais dans les parages d'Eulbek, les calcaires
remplacent complètement les trachytes et s'étendent sans
interruption jusc|u'à Angora. La difficulté de déterminer l'âge
de ces calcaires, exclusivement par leur faciès extérieur,
devient ici d'autant plus gi'ande, qu'ils se trouvent dans la
proximité de deux terrains d'âge très-dilTérent dont ils
pourraient faire partie au même titre, savoir le terrain
jurassique situé au sud-ouest d'Angora, et le terrain tertiaire
inférieur développé dans le voisinage immédiat de la ville
(voyez p. 249); ce n'est donc que d'une manière toute provisoire
que je range dans le terrain tertiaire inférieur, la
vallée qu'on franchit depuis Eulbek jusqu'à Angora. A
peu de distance au nord du petit lac Hoan Gueul, les
hauteurs calcaires c[ui bordent cette vallée, se réunissent en
une seule masse, formant plusieurs plateaux qui terminent
la vallée du côté du nord, et dont les versants méridionaux
sont sillonnés de gorges et de vallées étroites, qui s'abaissent
insensiblement vers la plaine d'Angora. Le calcaire qui
les compose est divisé en couches puissantes alternant avec
d'autres couches très-minces, les unes et les autres plongeant
en moyenne au nord 15° ouest, sous des angles de 40
à 50 degrés; il éclate sous le marteau comme une dolomie,
et passe quelquefois à une roche talqueuse, verdâtre, à surface
grasse.
Lorsqu'on descend de ces plateaux dans la plaine, la
ville d'Angora se présente d'une manière assez pittoresque;
l'aspect déboisé de la contrée se dissipe peu à peu, et elle se
revêt d'une belle végétation arborescente, bien qu'en grande
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