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sage de l'Arateli Sou ; c'est une porte naturelle qui se présente
fort pittoresquement. Arrêté par cette barrière, on ne
peut la tourner qu'en escaladant les hauteurs qui constituent
le bord méridional de la vallée, pour redescendre ensuite
dans cette dernière. A cet eilet, on suit un sentier assez pénible
cà cause des dalles calcaires très-lisses et glissantes
qui le hérissent, et qui plus ou moins sont pétries de nummulites,
associées à des huîtres, des peignes, des cardes, etc.
En descendant cette pente, on passe à côté du village Samatly
situé à une altitude de 733 mètres; vue de cette hauteur,
la vallée d'Aratch se présente d'une manière assez gracieuse
et permet d'apprécier les formes particulières des
montagnes qui la bordent des deux côtés : leurs sommets se
terminent par des crêtes presque linéaires, tandis que leurs
flancs sont renflés en plateaux ondulés, s'inclinant vers la
vallée.
C'est surtout sur le i-empart méridional que ce relief est
fortement prononcé et développé sur une grande échelle.
Des petites vallées séparent quelquefois les plateaux du
massif dont ils font partie, et c'est sur ces plateaux et
dans ces vallées que l'on voit groupés la majorité des villages,
en sorte que la portion la plus peuplée de la vallée
d'Aratch n'est point la région arrosée par ce cours d'eau,
mais bien les deux massifs montagneux qui la bordent, et
qui sur une largeur très-considérable renferment une foule
de terrasses, de plateaux et de vallées latérales, olfrant les
plus grandes variétés sous les rapports des altitudes et des
accidents du sol. On ne pourrait guère qualifier ces montagnes
cVAlpes, n'étant pas assez élevées pour cela; par
contre elles se prêtent avantageusement à la culture et sont
d'une remarquable fertilité. Dans la vallée même de l'Aratch,
la chèvre d'Angora est fort rare, mais elle est assez commune
dans les montagnes, et j'en ai vu à Samatly des troupeaux
considérables.
Entre les villages Samatly et Aratch, les hauteurs boisées
qui bordent la vallée sont composées de bancs horizontaux
de grès bleuâtre et grisâtre friable, leurs flancs
sont jonchés de blocs de silex ainsi que de quelques galets
de trachyte. A 3 lieues environ du nord-est de Samatly, les
montagnes présentent de belles denudations, qui font admirablement
ressortir les couches horizontales des calcaires toutes
chamarrées de nummulites et d'alvéolines (Alveolina longa,
ovoidea, etc.,) ; la roche devient c{uelquefois cristalline, de
manière que les tablettes de carbonate de chaux encadrent
symétriquement d'innombrables corpuscules organiques
; ces variétés calcaires se prêteraient admirablement
aux ornementations artistiques, car le polissage donnerait
des surfaces élégamment sculptées par les losanges et les
globules que feraient naître les chvers profils et coupes
des rhizopodes placés dans toutes les positions imaginables.
Dans la proximité du village Aratch, la vallée commence
à se renfler, et les accidents du terrain dérobent à la vue
l'Aratch Sou, formé ici par la jonction de deux ruisseaux
dont le plus considérable tourne brusquement au sud-est,
tandis que l'autre se dirige est-nord-est vers le plateau de
Taschbounar, où il a ses sources. A mesure qu'on remonte
la vallée arrosée par ce dernier bras de l'Aratch Sou, on
la voit revêtir de plus en plus le caractère d'une région décidément
montagneuse et se couvrir de belles forêts de conifères;
partout le calcaire blanc, toujours disposé en bancs
horizontaux, est chamarré de fossiles, dont quelques-uns,
notamment les bivalves, ont parfaitement conservé leur test.