46 T E R R A I N CRÉTACÉ. CHAPITRE PREMIEIÎ. 47
ter la zone de démarcation entre les dépôts crétacés et le
terrain dévonien ; car sur le revers occidental de la hauteur,
on voit les calcaires blancs brusquement remplacés par les
calcaires bleuâtres et grisâtres, si caractéristiques pour les
roches dévoniennes de cette contrée, et qui, ainsi que nous
l'avons vu ^ oil'rent dans la région comprise entre Touzla
et Scoutari des plongements très-variés, parmi lesquels
cependant celui au sud-ouest est le plus fréquent; il en résulte
qu'en comparant sous le rapport stratigraphique les
dépôts crétacés situés entre Ismid et Guebizé, avec les
dépôts dévoniens échelonnés le long de la mer, depuis
Guebizé jusqu' à Scoutari, les couches de ces deux terrains
se trouveraient le plus souvent disposées dans un sens anticlinal.
La limite entre les deux terrains paraît se diriger au
nord de Guebizé, à travers l'Elken Dagh dont la majeure
partie est probablement située dans le domaine dévonien;
là, la ligne de délimitalion tourne au nord-ouest, et passe
par les parages de Kalischli Koï; c'est ce qui semblerait
résulter de la coupe elïectuée par moi en me rendant d'Arnaout
Roï à Tchilé, par Karakirès, Kalischli Koï, Kourna et
Soghan Koï, coupe que nous allons examiner maintenant.
Lorsqu'on se rend d'Arnaout Koï à Kalischli Koï, on
voit, à environ i 1/2 lieue à l'est du premier village, succéder
aux calcaires dévoniens bleu foncé, des grès disposés
•I. Voyez Terrains de Iransiiion, p. 51 1-512.
en parallélipipôdes plus ou moins légèrement inclinés; ils
constituent, selon toute apparence, les premiers affleurements
des dépôts crétacés (?). La hauteur allongée sur le versant
occidental de laquelle se trouve Kalischli (à 3 lieues à l'est
d'Arnaout Koï) est composée de ce grès, perçant à travers
un sable rouge; ces dépôts sableux et marneux acquièrent
un grand développement à mesure qu'on s'avance de Kalischli
vers Tchilé, et rendent souvent impossible d'apprécier
la nature de la roche subjacente; cependant elle
perce près du village Karakarès, sous forme d'affleurements
basaltiques et trachytiques, se présentant çà et là en masses
isolées, mais disparaissant complètement dans les environs
de Kourna sous les dépôts superficiels. Ce n'est que dans
les parages de Kourna que la charpente solide de la contrée
se dégage nettement de dessous l'épaisse enveloppe
superficielle, car on y voit apparaître un calcaire blanc à
cassure saccharoïde, lequel, localement interrompu par des
traînées de blocs basaltiques et trachytiques dirigées du
sud-ouest-sud au nord-est-nord, surgit en rochers de plus
en plus considérables, à mesure que de Kourna on descend
vers la mer; toutefois, les rochers calcaires n'atteignent
point cette dernière, mais la bordent à une distance d'un
kilomètre environ , tandis que les dépôts de sables remplissent
l'intervalle entre la mer et les hauteurs calcaires.
Dans les parages de Soghan Koï, la contrée se couvre
de blocs de basalte et de trachyte, fournis probablement
par les masses qui constituent ces roches le long de la mer
où elles forment plusieurs caps allongés. Entre Soghan Koï
et ïchilé, la plage présente sur plusieurs points, des bancs
horizontaux d'un calcaire siliceux, chamarré de concrétions
globulaires ou tubulaires, ainsi que d'alvéoles de dimensions