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mêmes dont la surface est jonchée de ces coquilles, se
trouvent çà et là revêtus de dépôts plus ou moins minces
d'un calcaire marneux, ayant exactement la même teinte
foncée que la dolérite qui leur a fourni leurs éléments
constitutifs, et sur laquelle ils sont souvent tellement moulés
qu'ils en suivent tous les contours. En effet, le long des
ravins et sur la pente des coteaux, les surfaces arrondies
des rochers doléritiques sont revêtues de ces dépôts calcaréo
marneux, qui parfois sont réduits ii une pellicule intimement
soudée avec la roche. Or, ce sont ces petits lambeaux
qui échapperaient si aisément à l'oeil le plus exercé,
qui renferment : lYummuliles Ramondi, Defr., N. irregularis,
Desh., lY. Lucasana, Defr., des Alvéolines, Operculines,
Orbitoïdes, ainsi qu'un grand nombre d'empreintes et de
fragments de coquilles indéterminables, mais à faciès éminemment
éocène.
La présence dans les environs de Samsoun des dépôts
du terrain tertiaire inférieur, aussi bien que celle de coquilles
appartenant aux espèces vivantes, conduit à deux
conséquences qui ne manquent pas d'intérêt, savoir :
1. Les dolérites, qui jouent un rôle si important dans
toute cette partie du littoral septentrional de l'Asie Mineure,
ont dû avoir effectué leur éruption antérieurement à la formation
du terrain tertiaire inférieure.
2. A une époque très-récente, peut-être même contemporaine
de l'homme, cette partie du littoral, et conséquemment
plusieurs des montagnes doléritiques qui le bordent,
ont dû se trouver immergées, en sorte que les flots du
Pont-Euxin non-seulement roulaient par-dessus la plaine
où est située aujourd'hui la majorité de la ville de Sam-
CIIAPITRE ni. 221
soun, mais encore baignaient les flancs des hauteurs qui
portent le village Kadikoï, éloigné de plus de i lieue de la
mer.
IL
Après cette digression sur le curieux dépôt éocène
enclavé au milieu des dolérites de Samsoun, nous pouvons
l'etourner vers la Bithynie, pour y étudier le terrain tertiaire
inférieur dans les parages compris entre Uskub et Boli.
Quand on se dirige d'Uskub à Boli, on traverse, à
2 lieues J/2 environ au sud-est d'Uskub, une plaine qui
dans les parages de Perté Koï s'élève à une altitude de
330 mètres. Elle est limitée des deux côtés par des montagnes
doucement mamelonnées, se rapprochant çà et là
et poussant de fortes saillies dans la plaine. Ces montagnes
sont composées de calcaire schisteux bleuâtre que malgré
leur faciès, j'ai cru devoir ranger provisoirement dans le
terrain tertiaire inférieur, parce que c'est à ce terrain que
se rapportent effectivement des calcaires à facies tout aussi
anormal, qui se présentent un peu plus loin. En effet, à
mesure que l'on gravit le revers septentrional du Boli
Dagh, les calcaires siliceux bleucâtres ou noirs laissent
apercevoir des empreintes de Nummulites qui, à i kilomètre
au sud-est de Kaïmasiu, à une altitude d'environ 450 mètres,
se manifestant sous des formes parfaitement déterminables
parmi lesquelles dominent : Nummulites scabra. Lam.,
N. Lucasana, Defr., A'. Ramondi, Defr., N. planulata,
d'Orh., et Aloeolina ovoidea, d'Orb. var. oblonga, d'Arch,,
OrbiloUles complanata. Lam.