408 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
éocèiie. Ces grès forment des collines arrondies, qui rendent
le relief du plateau fort ondulé. Enfin ce dernier se rattache
insensiblement aux grandes surfaces élevées de TOuzoun
^aïla, dont nous examinerons les dépôts lacustres dans la
partie de cet ouvrage consacrée aux terrains tertiaires supérieurs.
V.
Nous retournerons maintenant de nouveau à Kaïsarié,
afin de parcourir en ligne droite du sud-ouest au nord-est
la longue zone des grès, calcaires et gypses qui se déploient
sans interruption depuis l'extrémité orientale du
Segri Dagh, que nous avons déjà visitée (p. 398), jusqu'à
Si vas.
Lorsque de Kaïsarié on se rend à Pallas, on franchit
d'abord, sur une ligne d'environ 9 lieues du sud-ouest au
nord-est, le domaine trachytique du mont Argée, puis on
gravit par un col une montagne allongée, qui borde au sudouest
la plaine presque circulaire au milieu de laquelle se
trouve le village Pallas, non loin d'un petit lac. La montagne
susmentionnée est composée d'un grès verdâtre, divisé
en minces couches toutes verticalement redressées. En traversant
la plaine (du sud-ouest au nord-est) dont les dépôts
détritiques masquent malheureusement la charpente solide,
qui, selon toute vraisemblance, consiste également en rochet
appartenant au type des grès gypsifères, on voit à peu de
distance à l'ouest de Gemerik surgir les trachytes. Ils
forment une bande peu large, qui, depuis les parages de
Gemerik jusqu'à ceux d'Insanlu, borde du coté du sud les
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dépôts gypsifères, mais qui, dans la proximité d'Insanlu,
s'écarte un peu plus au sud, en sorte epe la zone des dépôts
gypsifères s'élargit dans ces parages ; cependant au nordest
d'Insanlu la bande trachytique, se replie de nouveau au
nord et s'avance jusqu'à Karabounar.
Entre ce dernier village et Tcherschilar, les dépôts de
calcaire, de grès et de gypse sont mis à nu dans de nombreuses
dénudations : ainsi, à peu de distance de Karabounar,
on voit une hauteur allongée, toute rayée par les
couches d'un calcaire foncé éclatant sous le marteau; il est
associé à des brèches composées de fragments calcaires que
relie un ciment rougeâtre également calcaire; le plongement
de ces couches est au sud 20° est, sous des angles de 75 à
80 degrés; de même, à l kilomètre environ à l'est de Tcherschilar
s'élève une autre hauteur de gypse grisâtre trèscompacte,
sur lequel reposent en stratification concordante
des schistes marneux jaunâtres verticalement redressés,
recouverts à leur tour par une nappe trachytique.
La belle plaine de Tcherschilar, dont l'altitude (prise au
village de ce nom) est de 1,61/|. mètres, se rétrécit du côté
du nord-est en un défilé dont les parois présentent de magnifiques
dénudations de gypse, à couches plissées et tordues
comme du fil d'archal. Ce défilé' débouche (à peu de
distance au sud-ouest du village Gutchuk) sur un vaste
plateau qui s'étend jusqu'à Apardi. Lorsqu'on traverse ce
1. A l'époque où je franchis ce défilé à deux reprises (en 1848), il était
redouté comme une des localilés les plus dangereuses do cette région infortunée,
sans cesse infestée par les Avcliar qui aimaient surtout à attendre
les voyageurs dans ce passage rétréci, sachant que leur proie n'y pouvait
guère leur échapper, puisque la voie de communication la plus directe entre
Ka'isarié et Sivas traverse ce défilé.