•236 TERUAIN TERTIAIRE INFÉRIEUR.
traverse et à peu de dislance duquel on aperçoit les restes
d'un pont antique.
La contrée comprise entre Hammainlu et Viranschehr
se renfle d'abord en un plateau aride, qui à i2 lieues environ
au nord-ouest-nord de Hammamlu s'abaisse vers une vallée
fort pittoresque, dirigée en moyenne du sud au nord et arrosée
par le Viranschehr Sou, affluent du Hammamlu Sou. C'est
tout près de ce ruisseau, sur le bord (droit) aplati de la
vallée, que se trouvent une mosquée, un khan et une dizaine
de huttes, qui constituent ce que l'on appelle le bourg de
Viranschehr \ L'extrémité de la vallée n'est accessible que
du côté sud-est, c'est-à-dire du côté de Viranschehr, non
loin du massif très-boisé duSarghoun Dagh, dont les ramifications
serrent de si près la vallée, qu'elle se trouve partout
ailleurs comme enchâssée entre des groupes pittoresques
de rochers, composés de calcaire jaunâtre à cassure conchoïde,
mais sans indices distincts de stratification.
En entrant du côté de Viranschehr dans la vallée, pour
la descendre jusqu'à son embouchure dans celle de Hammamlu,
on la voit sur l'espace de 2 lieues (au nord de Viranschehr)
constamment flanquée de montagnes boisées,
composées de marnes noires feuilletées, qui alternent avec
des grès marneux jaunâtres ou des grès siliceux très-solides.
Ces roches, qui rappellent beaucoup celles du Pacha Dagh
et du Kuré Dagh, sont disposées en couches soit verticales,
soit plongeant au sud 20° est, sous des angles de 30 à
/lO degrés. Les rives souvent assez élevées du Viranschehr
1. Tel était du moins Yiranschelir à l'époque où je le traversais, le
4 4 septembre de l'année 1849 ; au reste, le nom même que porte cette localité
indique qu'elle se rapporte plutôt au passé qu'au présent parce que Viran
schehr signifie en turc ville ruinée ou démolie.
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Sou sont composées de dépôts de marne et de galets horizontalement
stratifiés; ces dépôts constituent le plus souvent
le sol même de la vallée, richement ornée d'une belle végétation
arborescente parmi laquelle doniinent les caroubiers,
les tamaris, les peupliers et les chênes. A 2 lieues au nord
de Viranschehr la vallée se rétrécit en une gorge très-pittoresque,
au fond de laquelle le ruisseau coule en murmurant
à travers d'épais buissons.
Peu à peu les grès et les marnes disparaissent sous des
masses puissantes de calcaire blanc, à cassure conchoïde et
à couches presque horizontales, au pied desquelles on voit
distinctement percer les sti-ates verticales ou fortement redressées
des grès et des marnes, ce qui semblerait indiquer
qu'ici encore on a affaire à deux terrains d'âge différent. Or,
comme plus loin les calcaires blancs dont il s'agit renferment
des Nummulites, et se rattachent évidemment aux
dépôts de Zafiranboli si riches en fossiles éocènes, il est
possible que les grès et les marnes soient crétacés. Malheureusement
je n'ai pas été dans le cas de constater ce fait,
et ne puis c|ue le signaler à l'attention de mes successeurs.
Aussi ce n'est que d'une manière provisoire, et en faisant
itérativement valoir mes réserves, que j'ai colorié sur ma
carte comme appartenant au terrain tertiaire inférieur toute
la contrée comprise entre Viranschehr et Zafiranboli.
A 3 1/2 lieues au nord de Viranschehr, la gorge susinentionnée,
qui dans ces parages a une altitude de 6 i 0 mètres,
revêt tous les caractères d'un véritable défilé, l'un des plus
pittoresques de l'Asie Mineure. Le fond en est complètement
occupé par le lit rétréci du ruisseau, tandis que des
deux côtés s'élèvent, comme des murailles gigantesques, des
remparts escarpés dont les sdmmets inclinés viennent sou-
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