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roche souvent chargée de rognons ou de plaques de silex,
est généralement de teinte jaunâtre, à texture compacte, et
se trouve divisée en dalles régulières à l'instar de la pierre
lithographique, dont elle rappelle d'ailleurs le grain et les
surfaces unies. Quelquefois les diverses variétés calcaires
passent à des marnes soit massives soit feuilletées.
A mesure que l'on s'avance vers Erkut, on voil la contrée
se rentier et prendre l'aspect d'une région montagneuse.
Les approches des beaux massifs boisés, qui constituent les
ramifications occidentales de l'Ouzoun Yaïla et qui portent
ici le nom local de Yanaghli Dagli, sont signalées par un
changement complet dans la physionomie extérieure du
pays, qui revêt de plus en plus un caractère alpestre. De
ravissantes vallées, arrosées par des torrents rapides, le sillonnent
de sud-ouest au nord-est.
A 1 lieue environ au sud-ouest-sud d'Erkut, les bords
du torrent Erkut Tchaï (affluent du Madara Tchaï), ombragés
par de superbes platanes, noyers, arbres de Judée {Cercis
siliquastrum) et vignes sauvages, présentent de belles dénudations
de calcaire, dont les couches sont inclinées au nord
20° ouest, sous des angles de 55 à GO degrés. Le village
d'Erkut, situé sur le flanc méridional de l'un des massifs qui
constituent l'extrémité nord-ouest de la chaîne de l'Ouzoun
Yaïla, offre un séjour fort agréable pendant les chaleurs de
l'été, contre lesquelles il est garanti tant par son altitude
(390 mètres) que par ses épaisses et belles forêts, ainsi
que par la foule de sources qui sillonnent la montagne.
Lorsque je me trouvais clans ce village, le 13 mai de l'année
1849, le thermomètre centigrade n'indiquait que 12°,4 au
moment du coucher du soleil; cependant j'ai remarqué dans
les jardins du village quelques beaux peupliers d'Italie, et
même des figuiers et oliviers, donl les fruits, à la vérité, ne
mûrissent que rarement.
En traversant de sud-est-sud au nord-est-nord, le massif
qui porte Ei'kut, pour se rendre à Ivrindi, on voit les
calcaires à couches soit verticalement redressées, soit plongeant
au nord-ouest, continuer sur une ligne d'environ 1 kilomètre
(au nord-est-nord d'Erkut) et puis s'évanouir sous
les trachytes que nous avons déjà étudiés'. ]\iais à 2 lieues
plus loin, la roche éruptive est à son tour remplacée par les
calcaires et en même temps la région montagneuse s'abaisse
considérablement. Les calcaires sont plus ou moins divisés
en mince tablettes feuilletées, qui tantôt plongent au nord
60° ouest sous des angles de 20 à 25 degrés, tantôt se trouvent
verticalement redressées, ployées ou brisées. C'est à
2 1/2 lieues environ au nord-est-nord d'Erkut que commence
à se développer le versant nord-est du massif, sur le revers
opposé duquel est situé Erkut.
Bien qu'à cette distance d'Erkut, la chaîne de l'Ouzoun
Yaïla proprement dite soit franchie, cependant sur un espace
assez considérable la contrée conserve encore un relief
très-accidenté, et l'on y voit çà et là des calcaires interrompus
par des hauteurs trachytiques ; ce n'est ciu'à 3 1/4
de lieues au nord-est-nord d'Erkut que l'on entre franchement
dans un pays à surface assez unie, très-herbeux,
bordé à l'ouest par les contre-forts boisés du JMouzlouk-
Dagh, qui à cette distance (à h lieues environ) se présente
sous la forme d'une chaîne surbaissée à contours ondulés.
A mesure que l'on s'avance vers Ivrindi, on voit le calcaire
subir un changement complet dans sa texture et dans ses
1. Roches érupliveSj p. 58.