43-J T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
Lorsque depuis Kereklu jusqu'à Keussé on a traversé,
du nord au sud, le domaine des porphyres pyroxéniques et
des syenites, on entre, à 1 lieue au sud du village de Keussé,
situé à une altitude de 1.,712 mèli'es, dans une contrée assez
unie, mais entourée de hauteurs composées en grande partie
de calcaire jaunâtre, plongeant au sud-est, ainsi qu'on le
voit entre autres sur les hauteurs qui portent les villages de
Salyardak et de Persar; la surface, unie elle-même, de la contrée,
est jonchée de fragments calcaires, parmi lesquels j'en
ai recueilli qui renfermaient des fragments d'une huître
appartenant probablement à VOslrea Archiaci, Bell. Au reste,
la roche se montre sur pied aussitôt qu'à 1 lieue 1/2 au
sud de Keussé, on entre dans une goi-ge qui conduit sui- un
plateau assez aride, dont l'altitude est d'environ l,800mètres.
En descendant le revers méridional du plateau, on voit le
porphyre pyroxénique percer çà et là les calcaires et les
marnes, qui se dressent de tous côtés en masses considérables.
C'est ainsi que, sur les rives du Sadagh Sou, plusieurs
buttes, et entre autres celle ciui porte le village de Sadagh,
sont composées d'un porphyre pyroxénique de teinte noire
et de texture schisteuse. Ce n'est qu'à plus de 5 lieues au sud
de Keussé, et à une altitude de 1,970 mètres, que les calcaires
et marnes jaunâtres ou blanchâtres deviennent dominants
avec un plongement au sud-est. Ils s'étendent jusqu'aux
parages de Sipikeur, mais se trouvent de plus en
plus fréquemment interrompus, à mesure qu'on se rapproche
de l'Ak Dagh, massif considérable traversé par le sentier
qui conduit de Sipikeur à Erzindjian.
En effet, tandis que les régions inférieures du versant septentrional
de l'Ak Dagh sont composées de calcaires et de marnes,
ces deux roches se trouvent remplacées par la serpentine
C H A P I T R E VIII.
aussitôt cjue l'on a atteint l'altitude de 2,277 mètres ; en
s'élevant encore plus haut, notamment à une altitude de
2,500 mètres, les marnes reparaissent avec un plongement
au sud-est, mais elles s'évanouissent à une altitude de
2,247 mètres, où les serpentines se manifestent de nouveau,
en sorte que les deux versants (septentrional et méridional )
de l'Ak Dagh sont composés par la serpentine, tandis que
la partie centrale paraît être occupée par les marnes et les
calcaires blancs plus ou moins désagrégés et formant des
masses d'une blancheur éblouissante, ce qui probablement a
donné lieu au nom que porte la montagne^.
Les serpentines du versant méridional de l'^lk Dagh
n'abandonnent plus le géologue jusqu'à Erzindjian et puis
continuent à composer la majeure partie des montagnes qui
bordent des deux côtés la vallée de l'Euphrate, depuis
Erzindjian jusqu'aux parages limitrophes d'Almaly.
Si les calcaires et marnes qui occupent l'espace compris
entre Keussé et Sipikeur appartiennent au terrain tertiaire
inférieur, ainsi que tout semble le faire supposer, il devient
également probable que celte bande éocène se rattache à
celle qui, plus au sud-est de Sipikeur, notamment dans les
parages d'Almaly, se présente sous forme d'un lambeau, à
la vérité peu étendu, mais en revanche muni de fossiles
caractéristiques. En effet, lorsqu'on traverse de l'ouest à
l'est la partie septentrionale de la vallée de l'Euphrate,
comprise entre Erzindjian etMamakhatoun, on voit, à 5 lieues
environ à l'est du village Kalaratch, situé à une altitude de
1,557 mètres, les montagnes de serpentines couronnées par
des masses de calcaire blanc, que l'on atteint à 1 lieue plus
1. Ak blanc,-Díif/A montagne : Mont-Blanc.
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