376 TE R R A I N TERTrAiRE INFÉRIEUR.
puisque sur plusieiu-s points do la vallée de Kalé Doré, à
côté des couches fortement redressées, on en voit qui sont
presque horizontales, sans que l'on puisse saisir une solution
de continuité quelconque entre les couches respectives;
toutefois, partout oii celles-ci sont redressées (et c'est le
phénomène dominant) le plongement est au sud /lO" est,
c'est-à-dire comme dans les localités précédemment mentionnées,
ce qui semblerait indiquer que l'ensemble des roches
qui composent toutes ces localités (la vallée de Kalé Deré y
comprise) fout partie du môme terrain, que provisoirement
je rapporte à l'époque tertiaire inférieure.
La vallée de Kalé Deré ou Kalé Boghaz paraît avoir
emprunté son nom ^ aux contours fantastiques des rochers
qui la bordent, et qui sont diversement taillés en tourelles
ou pics. Le fond de la vallée est revêtu de beaux jardins
et vignobles, tandis que les surfaces non cultivées présentent
sur plusieurs points des tapis de gazon assez touffu, qui
contrastent avec la nudité des rochers limitrophes ^
V.
Sous le rapport de la composition de ses roches, la
vallée de Kalé Deré, située près de l'extrémité nord-ouest
1. Kalé château, deré vallée, Boghaz gorge, défilé; le troisième nom
(Kizildjak) que porte la vallée ou la gorge aux châteaux est emprunté
non aux formes, mais à la teinte des rochers, car Kizil signifie en turc
rouge.
2. Aussi malgré les rayons dévorants du soleil du mois de juillet, époque
à laquelle j e traversais la vallée de Kaléderé, les lambeaux de gazon étaient
hérissés de belles touffes de Dianlhus fimhrialus, WB., Gypsophila eriocalyx,
Boiss., Slalice caspia, Willd., et Frankenia hispida, L.
CHAPITRE VII. 377
de la chaîne du Kodja Dagh, se rattache à une autre région
placée à l'extrémité opposée, savoir à la contrée
dans laquelle se trouve Akseraï. Lorsqu'on s'avançant vers
cette ville, à travers les plaines qui la séparent du Grand
Lac Salé, on aperçoit de loin un groupe de masses rougeâtres,
s'allongeant en terrasses aplaties et comme tracées
au cordeau, on est persuadé qu'il ne s'agit que des mômes
dépôts lacustres développés sur une si énorme échelle dans
les plaines de laLycaonie; mais on n'est pas plutôt entré à
Akseraï que tout doute disparaît, car on se convainct promptement
que l'on se trouve de nouveau au milieu des grès,
conglomérats et marnes rouges, qui caractérisent si éminemment
plusieurs localités du terrain tertiaire inférieur de
l'Asie Mineure. Déjà, dans l'intérieur de la ville, on voit se
dresser des rochers de grès et de conglomérats rouges, tout
chamarrés de grottes, niches et excavations naturelles,
bien plus spacieuses et plus commodes pour l'habitation de
l'homme que toutes ces misérables huttes en terre glaise
qui constituent la soi-disante ville d'A.kseraï. On voit également
que les dépôts rouges s'étendent au nord-ouest de
la ville, en côtoyant les revers sud-ouest du Kodja Dagh et
en formant dans cette direction une bande le long de la
rive septentrionale du lac; en sorte que, selon toute vraisemblance,
les grès et les conglomérats d'Akseraï se rattachent
presque sans interruption tant aux grès cendrés
d'Indjesou et de Kotchhissar, qu'aux grès rouges de la
vallée de Kalé Deré.
A l'est d'Akseraï, ces dépôts limités par les diorites ^
n'ont cju'un développement peu considérable et sont com-
1. Voyez Roches crupHves, p. 411.
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