294 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
a adopler provisoircmenl la première des deux hypolhèses.
<)uoi qu jl en soit, ii est encore une autre difilculté qui se
produit à l'égard des dépôts nummulitiques de cette contrée
c e s t l'embarras que l'on éprouve quelquefois de les distinguer
des dépôts lacustres, avec lesquels ils sont fréquemment
associés. En etTet, partout où les dépôts non fossilifères
mais analogues à ceux qui sont caractérisés par des Nummulites,
otfrent une stratiiication iiorizontale, il n'est pas aisé de
les distinguer géologiquement de certains dépôts de con-lomérals
et de calcaire blanc, également à stratification horizontale,
mais qui sur plusieurs points renferment des fossiles
lacustres, tandis que sur d'autres ils sont dénués de toute
trace organique, et dès lors pourraient appartenir au môme
titre au terrain tertiaire inférieur ou à des dépôts lacustres
d une époque probablement beaucoup plus récente. Ainsi
les villages Tchaldsch, Tachever et Zevésont situés dans le
domaine des conglomérats horizontalement stratifiés, qui constituent
les hauteurs nombreuses échelonnées depuis les parages
de Keupru Sou jusqu'cà ceux du Karpouz Irmak, lout le
long des montagnes calcaires (éocènes? crétacées?) dont est
composé le Taurus pisiclien. Or, il est probable que ces dépôts
de conglomérats à couches horizontales font partie du ter-
•rain tertiaire inférieur, parce qu'ils se rattachent aux collines
situées entre Tachever et Zevé, qui sont composées de grès
friables alternant avec des marnes blanches compactes, dont
les uns et les autres plongent au nord 60° est, sous des angles
de ot) à 60 degrés, tandis que plus au sud des villages susmentionnés,
on voit des dépôts de conglomérats fort analogues
aux premiers et à stratification Iiorizontale, mais qui
se rapportent à une époque beaucoup plus récente, ainsi que
nous le verrons en étudiant les terrains tertiaires supérieurs.
C H A P I T R E V. 295
Dans les parages de Tachever, la plaine, presque horizontale,
se renfle du côté de la mer de manière à masquer
complètement cette dernière; la plaine est revêtue d'un sol
gras noir, çà et là un peu marécageux. Cette surface unie,
faisant partie du domaine de l'ancien lac Capria qui existait
encore du temps de Strabon S est plus ou moins richement
boisée et n'a rien de l'aspect monotone et aride qui caractérise
les plaines marécageuses de la Lycaonie.
Entre Zevé et Menavgat, la contrée continue à être hérissée
de collines boisées de conglomérats qui masquent la vue
de la mer; elles sont séparées les unes des autres par des surfaces
généralement planes. Les fourres de myrtes, bruyères,
phyllerea, etc., rendent la marche assez pénible, mais ce qui
en augmente particulièrement les difficultés, ce sont les nombreux
ruisseaux qui descendent des montagnes limitrophes
et qui, sans atteindre la mer, viennent s'étendre en nappes
d'eau stagnante ou s'accumuler en profondes fondrières, où
les chevaux s'embourbent à chaque pas; aussi cette région
est-elle rendue presque inacessible au printemps à cause des
eaux qui l'inondent, et inhabitable ou du moins fort insalubre
en été, à cause des miasmes pestilentiels qu'elle exhale.
Ce fait, à lui seul, fournit la preuve la plus péremptoire
des grands changements qu'a dû subir dans le courant de
•I. Strabon, liv. XIV, dit : « Ent r e Side et Perge se trouve un lac considérable
nommé Capria. » Or les ruines do Side se voient encore sur le
littoral à 5 lieues à l'est-sud-est de l'emboachure du Koupru-Sou, et cellos
d e Perge, sur la rive droite de l'Ak-Sou, à pou de distance au nord-ouestnord
d'Istavros; en sorte que si le lac Capria de Strabon occupait tout l'cspace
entre Side et Perge, il devait avoir une extension de l'ouest à l'est
d ' e n v i r o n -10 lieues, tandis que la nappe marécageuse qui le représente
a u j o u r d ' h u i n'a que 4 lieues de longueur, étant comprise entre les embouc
h u r e s de l'Ak-Sou et du Keupru-Sou.