ÎO« T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
C H A P I T U E II. 203
tous ces parages respirent un air cliampêlre et justifient
parfaitement leur nom de Yaïla (station d'été) ; aussi sontils
en toute saison habités par un grand nombre de la population
nomade appelée Euntk, dont les tentes consiruites
moitié de roseaux et moitié de branches ployées en voi^ite et
recouvertes de feutre noir, se présentent de loin comme
autant de buttes basaltiques.
La longueur de la partie de l'Ouzoun Yaïla, que l'on
franchit en la gravissant à peu de distance au nord-est
de Kiresen, est d'environ 5 lieues du sud-ouest au nordest.
Le versant nord-est de la chaîne conduit dans la
vallée arrosée par le Bagtama Tchaï. Les montagnes qui
bordent cette vallée, sont composées de calcaire blanc
crayeux à couches fortement redressées, çà et là, associé aux
roches talqueuses qui cependant se montrent bien moins
fréquemment que dans la partie centrale de l'Ouzoun Yaïla.
Du côté du nord-est-nord, la vallée de Bagtama Ïchaï
est séparée j)ar quelques masses calcaires d'une région
très-accidentée, vers laquelle on descend pour se rendre à
Balikesi'i, mais qui va toujours en s'aplanissant à mesure
qu'on se rapproche de cette ville. Les calcaires dominent
dans toute cette région, à l'exception des parages de Kesreven,
oii les dépôts sédimentaires se trouvent fréquemment
interrompus par des éruptions basaltiques i.
V i l i .
Nous retournerons maintenant de nouveau vers le Bakur
Tchaï, pour tracer une ligne presque parallèle à celle que
1. Voyez Roches éruptives, p. 209.
nous venons d'elTectuer (de Soma à Balikesri) ; en conséquence,
nous nous dirigerons encore une fois du sud-ouestsud
au nord-est-nord, en nous avançant de Bergama par
Erlvut et Ivrindi à Balikesri. De cette manière nous aurons
coupé transvei'salement la chaîne de l'Onzoun Yaïla en trois
endi'oits, savoir : dans sa région orientale (entre Bäsch Gelembé
et Balikesi'i), dans sa région centrale (entre Kiresen
et Balikesri) et dans son extrémité occidentale (entre Erkut
et Ivrindi). Cela nous permettra de juger, avec un grand
degré de vraisemblance, de la constitution géologique des
espaces intermédiaires encore non explorés qui se trouvent
entre nos trois coupes.
Lorsque de la ville de Bergama on se dirige au village
d'Erkut, on voit à peu de distance au nord-est de Bergama
percer le calcaire blanc en plaques redressées ; à mesure qu'on
s'éloigne de cette dernière ville, ces dépôts acquièrent un
développement plus considérable en composant plusieurs
hauteurs arrondies, adossées aux massifs trachytiques qui
les dominent du côté de l'ouest. Ces hauteurs calcaires continuent
sur une ligne d'environ 1 lieue 1/2 au nord-est de
Bergama, où commence la longue série de trachytes et
basaltes, que j'ai déjà signalés en parlant des roches éruptives
de cette partie de la Mysie ^
Au milieu de ce mélange chaotique de dépôts sédimentaires
et de roches éruptives, les calcaires cjui composent
les premiers, offrent presque partout des traces de perturbations
plus ou moins violentes; là où les couches ne sont pas
verticalement redressées, le plongement dominant est au
nord 10° ouest, sous des angles de 50 à 70 degrés. La
1 . Roches eruptives, p. 57.