304 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
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cher à ceux de Ketcliiboui'lou, qui renferment des fossiles
caracléiistiques pour le lerraiii tertiaire inférieur, ainsi que
nous le verrons plus loin.
Les liauteurs (jui ijordent des deux côtés la penle rapide
et profondément ravinée par laquelle la gorge débouche
dans la plaine accidentée d'Urgudlu sont composées de calcaire
blanc. C'est cette roche cjui paraît également constituer
la majeure partie des deux chaînes du Keraer Dagh et
du Kestel Dagh, de même que le pays fort accidenté compris
entre ces dernières et la vallée dans laquelle est situé
Kestel, ainsi que le prouvent les nombreuses rangées de
collines, qui descendent des flancs sud-est des deux remparts
(Kemer Dagh et Kestel Dagh), et s'avancent jusqu'au
bord occidental de la vallée susmentionnée, en formant plusieurs
embranchements latéraux qui débouchent dans la
vallée. Malgré la prédominance des calcaires blancs, on
aperçoit çà et là, et entre autres sur les flancs sud-est du
Kestel Dagh, quelques affleurements du grès marneux précédemment
signalé, à couches plus ou moins redressées.
A l'époque (le 19 mai 18/i8) où je traversais ces parages,
le Kestel Gueul, dont l'altitude (ainsi que celle du
village Kestel) est de 871 mètres, était complètement à sec
et représenté seulement par une dépression peu profonde à
surface horizontale, un peu marécageuse, hérissée de Gypéracées
et de Typhacées; au lieu de poissons, il ne fournissait
que des sangsues, très-abondantes dans les endroits
marécageux. D'après le témoignage des habitants, le dessèchement
du lac constituait un phénomène dont ils ne se
rappelaient point d'antécédente La plaine diluvienne dans
1. Ce phénomène, que j'aurai l'occasion de signaler à l'égard de plusieurs
autres lacs de l'Asie Mineure (entre autres le lac Soghla), se raUaclie sans
laquelle se trouve le Kestel Gueul, est traversée du nordouest
nord au sud-est-sud par une masse calcaire assez
élevée qui se rattache au Kestel Dagh, et s'avance sous
forme d'un isthme jusqu'au lit desséché du lac. La pente
orientale de cette rampe calcaire est jonchée de tronçons
doute àl'existence do canaux souterrains, déjà plus d'une fois mentionnés on
Grèce par les auteurs anciens sous le nom do KalavoUira, et notamment à
l'occasion du célèbre lac Kopdis dans la Béotie. En oil'et, ce n'est qu'à l'aide
de conduits souterrains qui établissent une communication directe entre la
mer et le bassin du Kopaïs, que ce dernier se débarrasse de l'excédant de ses
eaux causé par de nombreux affluents ; or, comme d'une part les conduits
se trouvent (|uelquei'ois obstrués par les détritus des eaux et que, d'une
autre part, les affluents qui alimentent le lac se dessèchent fréquemment
pendant l'été, il en résulte que, selon les années, le lac Kopaïs est tantôt mis
presque à sec, tantôt devient la cause d'inondations considérables qui ont
fini par convertir la contrée limitrophe en un vaste marécage. Déjà à l'époque
des anciens cet inconvénient a été l'objet de plusieurs tentatives, soit pour
créer au lac Kopa'is un écoulement régulier en élargissant et en maintenant
les conduits souterrains, soit pour le dessécher complètement. A la suite
d'études faites sur les lieux pai' l'éminent ingénieur, SI. Sauvage, en 1845,
la possibilité du dessèchement du lac de Kopaïs a été parfaitement constatée,
ce qui donna lieu' à l'établissement d'une compagnie française qui
offrit au gouvernement hellène d'effectuer en moins de cinq années cette
importante opération, moyennant certains avantages qu'on devait lui
accorder. Malheureusement la discussion de ce projet n'a pas encore été
terminée par le gouvernement grec ( tel était du moins l'état de la question
en -1862).
La disparition et le retour des eaux dans les lacs de l'Asie Mineure pouvant
s'expliquer par des })hénomènes analogues à celui que présente aujourd'hui
le lac de Kopaïs, il en résulte que les mêmes procédés de dessèchement
proposés à l'égard du dernier pourraient, dans do certaines limites,
s'appliquer également aux premiers, et afin de rendre l'assimilation plus
parfaite, il est permis d'ajouter que la discussion d'un semblable projet ne
demanderait à Constantinople pas moins do temps qu'à Athènes, et aurait
probablement dans les deux pa3'S à peu près le même résultat ; celui de ne
point troubler la marche providentielle dos eaux pas plus que celle des
hommes.
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