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môme terrain, c'est-à-dire du terrain tertiaire inférieur. Ce
sont également des considérations d'analogie qui m'ont fait
ranger dans ce terrain l'espace qui sépare Keredi de Boli.
ûlalheureusement l'examen très-rapide que j'ai pu faire
de la partie du Keredi Dagh sur les contre-forts méridionaux
duquel se trouve la ville de Keredi, à une altitude de
1303 mètres, ne m'a guère fourni les moyens de trancher
cette question d'une manière positive. En effet, lorsqu'on
gravit la partie du massif qui s'élève immédiatement audessus
de la ville, on le voit d'abord composé de deux
plateaux superposés l'un à l'autre, et dont la surface, ornée
de beaux taillis de sapin blanc {Ahies pectinata, DC.) est
revêtue d'une couche épaisse de calcaires et de quartz triturés,
renfermant des galets des deux espèces de calcaire
susmentionnés, c'est-à-dire, de calcaire gi'is non fossilifère
et de calcaire jaunâtre sableux analogue à la roche fossilifère
précédemment mentionnée. Du plateau supérieur, on
descend dans une vallée étroite qui borde au nord-ouestnord
la masse centrale du groupe montagneux désigné par
le nom collectif de Keredi Dagh. Cette masse centrale se
présente sous la forme d'un rempart à flancs et à sommet
ondulés, composé en grande partie d'une brèche compacte
qui consiste en fragments de diverses grosseurs de calcaire
gris ou bleucâtre à texture souvent cristalline, de calcaire
jaunâtre sableux, analogue à celui qui, à 1 kilomètre au
sud de la ville, renferme des fossiles éocènes, de marne
rouge et bleuâtre semblable à celle qui, dans les parages
de Nallukhan est caractérisée par des Ammonites jurassiques
\ enfin de morceaux de quartz et de grès compacte.
l . Voyez Terrain jurassique, li. 15.
C H A P I T R E III. 22o
Parmi tous ces fragments de roches diverses, je n'en ai
point remarqué de trachyte. Sur les flancs du plateau qui
borde la vallée susmentionnée du côté du sud, on voit surgir
les calcaires gris, cendrés et bleuâtres, identiques avec
ceux que j'ai signalés dans les parages limitrophes de la
ville.
Ainsi, l'examen du Kei'edi Dagh non-seulement ne m'a
pas fourni de nouvelle lumière sur l'âge relatif des calcaires
foncés non fossilifères et des calcaires jaunâtres à
fossiles éocènes, mais il y a encore ajouté un troisième
élément d'incertitude, savoir : la brèche compacte. Toutefois
il résulte de cet examen que les calcaires jaunâtres
fossilifères, situés à un niveau très-inférieur à celui de la
brèche, sont probablement plus anciens que cette dernière,
puisqu'elle renferme des fragments selon toute apparence
empruntés aux premiers. D'une autre part, l'absence d'éléments
trachytiques dans la brèche semble indiquer qu'elle
a été formée antérieurement aux éruptions trachytiques ;
or, comme sur plusieurs points de l'Asie JMineure les trachytes
paraissent être postérieurs au terrain tertiaire inférieur,
et que tel semble être le cas notamment à l'égard des
trachytes de l'Ala Dagh, puisque, ainsi que nous l'avons
vu (p. 223), les calcaires jaunâtres fossilifères situés à
1 kilomètre environ au sud de Keredi percent de dessous
les trachytes, l'absence de ces derniers dans la brèche
dont il s'agit fournirait donc un motif de plus pour la ranger
dans le terrain tertiaire inférieur, oi;i elle figurerait
peut-être comme un dépôt antérieur aux calcaires jaunes
fossilifères.
Du plateau supérieur du Keredi Dagh on jouit d'un
beau coup d'oeil embrassant un horizon assez étendu; l'es-
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