186 TERRAIN TF-RT[AUiE [NFÉRIEQU.
localement interrompu par une serpentine de teinle rouge
ou noiràti'e et de texture très-caverneuse ou poreuse; elle
constitue des hauteurs mamelonnées qui bordent la gorge
étroite par laquelle on descend dans la jolie vallée de Guné;
cependant, on n'a pas plutôt traversé la vallée du sud-ouest
au nord-est, que la serpentine se trouve remplacée de nouveau
par les calcaires ; aussi, tant la colline sur laquelle est
situé Guné que les hauteurs liaiilrophes, sont toutes transversalement
striées par les couches inclinées de calcaire
marneux ou siliceux, de teinte jaunâtre ou blanchâtre, à
cassure conchoïde, plus ou moins chargé de rognons de
silex qui souvent y forment des bandes continues.
Près du revers occidendal de la hauteur qui porte Guné,
on voit, dans un profond ravin, la dénudation suivante : un
calcaii-e passant çà et là à une marne grise ou blanche, et
dont les couches plongent au nord sous un angle de 25 degrés,
repose très-chstinctement, tantôt sur un trachyte désagrégé,
tantôt sur des masses de tuf trachytique; ce dernier
est régulièrement stratifié, et le plongement de ses couches
est parfaitement conforme à celui des calcaires et marnes
c{ui le recouvrent, mais qui, malheureusement sont dépourvus
de toute trace organique, ainsi que cela paraît être le
cas avec les calcaires marneux, si liirgement développés
entre Bolat et Guné. L'absence de caractères paléontologiques
est particulièrement regrettable dans la localité qui
nous occupe, car ils eussent permis de déterminer l'âge des
trachytes et des tufs trachytiques de cette région. Dans tous
les cas, si les calcaires marneux de Guné appartiennent réellement
au terrain tertiaire inférieur, ainsi que je l'ai admis
provisoirement d'après le faciès de ces dépôts, l'éruption
des trachytes aurait eu lieu dans cette partie de la Mysie,
CHAPITRE II. I ti7
avant l'époque éocène; de plus, la concordance stratigraphique
entre les tufs et les calcaires semblerait indiquer que
les uns et les autres auraient subi un soulèvement, à une
époque postérieure à celle des dépôts éocènes.
Une bande de dépôts détritiques borde des deux côtés
le Guné Tchaï, dont l'altitude prise au village Guné est de
530 mètres. Sur un espace d'environ une lieue, au nord-est
de ce dernier, la contrée continue à être hérissée de hauteurs
arrondies et boisées, séparées les unes des autres par
de petites vallées, et composées de calcaire blanc schisteux,
dont les feuillets ou dalles sont souvent verticalement redressés,
contournés et plissés en tous sens. Ces calcaires alternent
fréquemment avec des bandes plus ou moins puissantes
de silex rougeâtre; enfin, sur plusieurs points, les calcaires
se trouvent interrompus soit par des talcschistes, soit par
une sei'pentine grisâtre massive. A 2 lieues au nord-est de
Guné, les talcschistes passent insensiblement à un calcaire
très-analogue à celui qui figure si souvent dans les terrains
de transition, et notamment dans le système dévonien du
Bosphore, et comme ce caractère se soutient sans modification
quelconque, il devient très-probable que ces talcschistes
font partie du terrain de transition, si largement développé
des deux côtés de l'Adirnas Tchaï, terrain dont les talcschistes
ne seraient séparés que par les éruptions trachytiques t
dioritiques signalées par moi ' non loin de la rive gauche de
I'Achrnas Tchaï. Si cette hypothèse venait à être justifiée par
des observations précises, la limite nord-est des dépôts tertiaires
échelonnés entre Bolat et les parages de Guné, se trouverait
à peu près à 2 lieues au nord-est de ce dernier village.
1. Roches éruptives, p. 36 et 407.