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troit que les dépôts de cet âge, placés entreUskub et Boli;
mais la contrée de Sarasoun étant située en dehors des régions
que nous aurons à parcourir à la recher(;lie du terrain
tertiaire inférieur, il sera d'autant plus opportun de
nous occuper ici de cet intéressant lambeau tertiaire, enchâssé
pour ainsi dire au milieu du domaine crétacé, que
ce phénomène sert de pendant à celui que nous présentent
les parages de Tchilé, placés dans la proximité immédiate
du Bosphore i.
Ce fut en Î853 que j'eus le bonheur de découvrir ce
curieux lambeau dans des lieux oii l'on eût été le moins
I. Dans leur carte géologique de l'Europe, Sir Roderick Murchison ®t
James Nicol ont réuni le lambeau eocène de Samsoun au terrain tertiaire
inférieur dans lequel ils rangent la contrée de Vézirkeupru, en la rattachant
au terrain tertiaire inférieur découvert par moi à Kastamouni, de
manière qu'ils prolongent ce terrain sous forme d'une bande étroite jusqu'à
Samsoun, ce qui naturellement fait disparaître l'anomalie que présenterait
l'isolement du lambeau éocène. Je ne me dissimule point ce que cette supposition
pourrait avoir de plausible, mais comme il ne s'agit ici que d'une
hypothèse, je crois devoir maintenir celle que j'avais énoncée d'abord, et en
conséquence, jusqu'à preuve du contraire, je rapporte au terrain crétacé les
dépôts de la contrée comprise entre Vézirkeupru et Samsoun.
Si dans les régions de l'Asie Mineure placées en dehors de mes explorations
personnelles, j'ai scrupuleusement reproduit les indications de la
carte anglaise, sans même toujours connaître les documents qui leur ont
servi de base, je ne puis accepter avec la même résignation les modifications
apportées à mon insu au croquis que j'avais fourni à mon excellent
et célèbre ami Sir Roderick Murchison, sur les contrées de l'Asie IMineure
explorées par moi, parce que depuis mes derniers voyages dans ces contrées,
celles-ci n'ont pas été, que je sache, l'objet d'aucun travail de nature
à modifier le mien.
porté à chercher un dépôt sédimentaire quelconque, car je
l'ai constaté au milieu des dolérites qui constituent exclusivement
les environs immédiats de Samsoun, et qui se
trouvent tellement fondues avec ces dépôts, qu'au premier
coup d'oeil il devient souvent impossible de les en distinguer.
La ville de Samsoun est située sur une plage bordée
au nord-ouest par une hauteur allongée, qui s'avance dans
la mer et forme le promontoire nommé Kayalu Bouroun ;
du côté opposé (sud-est) la plage s'élargit en une belle
plaine que traverse le Merd Irmak ; enfin au sud-ouest,
elle est limitée par un groupe pittoresque de montagnes,
dont les flancs sont sillonnés de vallées étroites et de ravins
qui débouchent dans la plaine susmentionnée. Toutes
les hauteurs limitrophes de la ville étant composées de
roches éruptives, mon attention fut vivement attirée par le
grand nombre de coquilles marines que je vis répandues
sur les coteaux et dans les ravins à peu de distance au
nord du village Kadikoï, à une demi-lieue à peu près au
nord de la mer et à environ kO ou 50 mètres au-dessus de
cette dernière. Les coquilles, dont quelques-unes sont trèsroulées,
appartiennent presque toutes à des espèces encore
vivantes dans la mer Noire de Tellina, de Venus, de Cardium,
de Pecten, etc., associées aux trois espèces fossiles
suivantes, appartenant au terrain tertiaire supérieur : Buccinum
neriteum, L., Ostrea uncinata, Desh., et Canlium
edule, L.
Mais ce qui constitue un phénomène beaucoup plus intéressant
encore, que la présence de ces coquilles à un niveau
bien supérieur à celui que pourraient atteindre aujourd'hui
les vagues les plus violentes, c'est que les rochers