68 T E R R A I N CRÉTACÉ.
dénudations, qui se présentent sur une grande échelle, particulièrement
près du village Devrenderessi, et laissent voir
les nombreuses couches de calcaires siliceux ou marneux,
verticalement redressées et diversement ployées ou tordues.
A mesure qu'au sortir du défilé susmentionné on s'avance
vers Bartan, la vallée s'élargit de plus en plus et prend le
caractère d'une belle plaine; les taillis et les buissons
s'éclaircissent et se retirent vers les montagnes qui continuent
à être fort boisées.
L'Ova Sou dont le cours inférieur est désigné sous le
nom de Bartan Tchaï {Parthenius des anciens), est dans
les parages de Bartan un cours d'eau considérable et se
jette dans la mer à une lieue de la petite ville qui lui donne
son nom. L'embouchure est large et suffisamment profonde
pour que des bateaux de grande dimension puissent le
remonter jusque près de Bartan.
L'espace d'environ cinq lieues, compris entre Bartan et
le village Bouroun, situé près de la rive droite du Filiyas
Tchaï, est une contrée fort montagneuse et très-pittoresque,
coupée par des vallées et hérissée par des hauteurs arrondies,
boisées, qui masquent presque partout la vue de la
mer, lorsqu'on se rend de Bartan à Bourounkoï en passant
par Sinaply, Tabaklar, Gueulbazar et Yakouboglou. Ces
hauteurs sont composées soit de calcaire jaunâtre à cassure
conchoïde fort analogue à la pierre lithographique, soit de
grès à petits grains, soit enfin de marnes bleues feuilletées
à cassure également conchoïde ; toutes ces roches, et particulièrement
les marnes et les grès, offrent dans leur stratification
un redressement plus ou moins considérable.
Dans les parages de Bourounkoï, la vallée de Filiyas
Tchaï, dont la magnifique végétation arborescente brillait
C H A P I T R E II. 69
dans tout son éclat à la fin du mois d'octobre (1819), lorsque
je me trouvais en ces lieux, est bordée des deux côtés
par des hauteurs boisées qui, au nord de Bourounkoï, vont
en s'abaissant graduellement à mesure qu'elles s'avancent
vers l'embouchure de la vallée. Malheureusement ni cette
embouchure ni celle de la rivière ne sont visibles à Bourounkoï;
seulement on aperçoit cette dernière serpenter
dans le lointain comme une mince bande argentée au milieu
de la belle vallée. Le Filiyas Tchaï a, près de Bourounkoï,
un lit presque aussi large que la Seine à Paris ou la Loire à
Orléans; mais, en été, une minime partie seulement de ce
lit est occupée par l'eau, qui est peu profonde et parfaitement
guéable, quoique coulant avec rapidité.
La rangée de hauteurs qui constituent dans les parages
de Bourounkoï le bord occidental du Filiyas Tchaï, est
composée d'un calcaire marneux, compacte, gris ou jaunâtre,
à cassure conchoïde, les couches plongeant au nord
kO° ouest, sous des angles de 50 à 60 degrés. Du côté de
l'ouest, le Filiyas Tchaï reçoit un grand nombre d'affluents
qui forment autant de vallées latérales, à travers lesquelles
passe le sentier qui conduit de Bourounkoï à Eregli, en se
tenant constamment à une distance assez considérable du
littoral que l'on n'aperçoit nulle part.
L'une des plus considérables de ces vallées est celle
nommée Karaderessi, arrosée par un ruisseau qui débouche
du côté gauche dans le Filiyas Tchaï, à environ trois lieues
au sud de Bourounkoï. A mesure qu'on remonte la vallée
de Karaderessi, on voit les montagnes arrondies et boisées
qui la bordent ofl'rir des dénudations de plus en plus nombreuses
de calcaire siliceux gris, alternant avec une marne
blanche à cassure conchoïde; celle-ci est divisée tantôt en