•2 G 6 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
et comme elle est revêtue de dépôts diluviens dont la puissance
va toujours en croissant dans cette dernière direction,
les gypses disparaissent sous cette enveloppe qui recouvre
complètement la partie de la plaine traversée par
la rivière.
Quoique assez large dans ces parages, le Kizil Irmak
ne contient que très-peu d'eau pendant l'été; aussi, lorsque
je le franchis le 29 août 1848, les chevaux eurent les
genoux à peine mouillés.
Les dépôts superficiels de la plaine consistent en une
terre noire dont la surface est jonchée de galets doléritiques.
A 1 lieue au nord-ouest de la rivière, les gypses reparaissent
en formant des collines arrondies, gazonnées,
qui s'étendent jusqu'au Kousch Dagh. En se rapprochant
d'Iskelib la plaine se renfle considérablement et se trouve
séparée de la vallée où cette ville est située, par une série
de hauteurs de conglomérat, dont le versant occidental se rétrécit
en une gorge assez longue qui conduit dans la vallée.
Les parois de la gorge consistent en dépôts horizontalement
stratifiés de sable marneux rouge, alternant avec des
bandes de galets et de conglomérat; ces alternances se
répètent souvent jusqu'à vingt fois, et simulent des murailles
de briques rayées de zones parallèles. Vue de
cette gorge, la vallée d'Iskelib se présente d'une manière
fort gracieuse, ornée d'épais massifs de verdure et de
riches vignobles. A l'endroit où la gorge déboudie dans
la vallée, les sables et les conglomérats se trouvent remplacés
par des eurites ; cependant, à mesure que l'on approche
d'Iskelib, on voit percer les couches verticales d'un
grès marneux jaunâtre et gris, alternant avec des marnes
noires, roches exactement semblables à celles que j'ai si-
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gnalées plus haut sur le revers oriental du Keussé Dagh et
avec lesquelles très-probablement elles ne forment qu'un
seul ensemble géologique. A très-peu de distance à l'est de
la ville Iskelib s'élèvent d'énormes rochers d'un conglomérat
compacte mais grossier, divisé en couches plus ou moins
fortement redressées, et dont le plongement dominant est au
sud 50° est, sous des angles de 50 à GO degrés. A la suite
de nombreux éboulements, plusieurs de ces rochers se sont
déplacés en formant des masses fantastiques entassées pêlemêle,
et qui ont l'air de se balancer au-dessus des ravins,
ce qui ne contribue pas peu à rehausser la physionomie pittoresque
de cette vallée, dominée par la hauteur que couronne
le château d'Iskelib. L'altitude de la vallée prise dans
la ville même est de 966 mètres.
Entre Iskelib et Bayazid la contrée forme un renflement
considérable, dont le revers nord-est laisse percer les couches
relevées de calcaire marneux jaunâtre, et le revers sud-ouest,
des gypses également à stratification très-redressée ou verticale
; ces dépôts ne se manifestent que sur les points les
moins élevés de l'intumescence, tandis que les eurites en
occupent les régions supérieures \ En se trouvant dans ces
dernières, on aperçoit le Kousch Dagh, dont les flancs méridionaux
se présentent hérissés de masses de gypse à couches
plus ou moins fortement redressées; au reste, c'est ce
qui a lieu également à l'égard des hauteurs d'eurite échelonnées
tout autour d'Iskelib, car leurs versants sud-ouest
se trouvent sillonnés par des collines arrondies de gypse
à strates relevées, collines qui descendent jusqu'au village
Bayazid. De même, à Tchaï Koï, où la chaîne des hauteurs
1. Voypz Roches éruplives, p. 100.