CHAPITRE PREMIER.
T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR DE LA PRESQU ILE
DE THRACE^
Appréciation approximative de l'extension du terrain tertiaire inférieur dans
l'extrémité orientale de la presqu'île de Tlirace. — Physionomie générale du
pays qu'il occupe. — Défaut d'eau potable. — Roches qui composent les dépôts
du terrain tertiaire inférieur. — Leurs caractères stratigraphiques. — Fossiles
des parages de Saint-Georges. — Décroissenient graduel de la faune de ces
parages. — Gorge située entre Kutchnk-Boghaz et Ayos-Georgios. — Fossiles
des environs de Kadin Kevi. — Traces organiques entre Arnaout Kevi et Boghsz
Kevi. — Développement du terrain tertiaire inférieur le long du littoral méridional
du lac de Derkos. — Polypiers entre Kizil Kaya et Bouildir. — Afileurement
local du terrain de transition. — Ostracées probablement nummulitiques
dans les parages de Tchanaltchi.
Le terrain paléozoïque du Bosphore se trouve séparé
des dépôts qui occupent le resté de l'extrémilé orientale de
la presqu'île de Thrace par une immense lacune, embras-
'1. Je dois rappeler ici au lecteur la nécessité de consulter, pour tout ce
qui concerne ce chapitre, la carte géologique du Bosphore, jointe au
premier volume de cet ouvrage. Elle est indispensable, non-seulement à
cause des détails topographiques qu'elle contient et qui manquent à ma carte
géologique générale de l'Asie Mineure, mais aussi parce que cette dernière
ne reproduit point les modiBcations essentielles que, sous le rapport de la
délimitation et surtout de l'âge des terrains, j'ai fait subir à la carte géologique
du Bosphore, depuis sa publication en 1864 dans mon Bosphore et
Constanlinople.
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sant toute la série des terrains secondaires qui paraissent
faire complètement défaut à cette partie de la péninsule, en
sorte que l'on passe sans aucune transition du terrain dévonien
au terrain tertiaire, dont l'étage inférieur semble seul
être représenté dans les contrées limitrophes du Bosphore.
J'ai déjà fait observer ailleurs ^ qu' à la suite de la découverte
de dépôts du terrain tertiaire inférieur, dans la
proximité immédiate de Constantinople, ce terrain semblait
posséder un développement considérable dans cette partie
de la Thrace, parce qu'il était permis de supposer que les
localités fossilifères découvertes par moi à Ayos-Georgios et
à Kadin Kevi se rattachaient à la région littorale qui forme
lebord septentrional du lac Derkos,région où MM. ïïommaire
de Hell et Yiquesnel avaient déjà depuis longtemps signalé
l'existence du terrain tertiaire inférieur; il devenait également
probable qu'il en était de même de la rive méridionale
du lac, laquelle n'avait pas été explorée par les deux
savants susmentionnés. Cependant, lorsqu'on I86/1. je fis
une rapide excursion dans ces parages, j'avais cru ne point
devoir admettre cette prévision, malgré tout ce qu'elle offrait
de vraisemblable. Eu effet, parmi les fossiles tous plus ou
moins roulés que je recueillis sur la rive méridionale du lac,
se trouvaient des espèces décidément éocènes {Phyllocoenia
Verneuili, Pecten Iriparlitus et Ostrea rarilamella) associés
à des polypiens ayant toute l'apparence de polypiens miocènes
' ; et comme, en parcourant la région située entre le lac
Derkos et Kadin Kevi, je ne tardai pas à découvrir in situ
les mêmes polypiens, rien ne fut plus naturel que de con-
1. Le Bosphore el Constanlinople, p. 510.
2. Voyez Le Bosphore et Conslantinople, p. 82.