340 TE l i RAIX TERTIAIRE INFÉRIEUR.
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Après avoir parcoui'u l'Isaurie depuis Karaman jusqu'à
Siristat, c'est-à-dire de l'est à l'ouest, nous allons traverser
cette région du nord-est au nord-ouest, en nous dirigeant de
Karaman à Ermenek.
Les dépôts lacustres s'étendent depuis Karaman jusqu'à
Bayalar, où l'on franchit une saillie du grand domaine tertiaire
moyen, saillie dont la description trouvera sa place dans
la partie de cet ouvrage consacrée à l'étude de ce terrain.
C'est à travers les ramifications occidentales de l'Alibeï
Dagh et du Boudjat Dagli que serpente le sentier qui conduit
de Bayalar à Bostané Sou. La région comprise entre la
lisière méridionale des dépôts miocènes de Bayalar et le village
de Bostané Sou, est composée d'un calcairegris, amorphe,
Dagli, Dinek Dagli, Assar Dagli, etc., parce que ces massifs se trouvaient
trop en dehors de ma route ; cependant, à en juger par les renseignements
que fournit W. Hamilton ( Researches in Asia Minor, etc., vol. II. p. 326-
328) sur la contrée comprise entre Kasaba, Elmasin et Aidjilar, 11 paraîtrait
que les roches qui y figurent, ne sont que la continuation des calcaires
bleuâtres semi-cristallins (plongeant au sud-est) ainsi que des marnes et
argiles endurcies, signaléesparmoi dans larégioncomprise entreRaschkischla
et Siristat. Or, comme j'ai rangé provisoirement cette dernière région dans
le terrain tertiaire inférieur, j'ai cru pouvoir y classer également les massifs
qui s'étendent plus au nord, et constituent le bord sud-ouest du grand
bassin lacustre de la Lycaonie, bord dont je n'ai pu qu'entrevoir quelques
points en allant de Konia à Kasaba par Khadin Sara, Kavak etAlibe'i; car,
ainsi que nous le verrons en étudiant les terrains tertiaires supérieurs, entri!
Kayak et Alibeï les dépôts lacustres se trouvent bordés directement par les
massifs calcaires d'Assar Dagh, dont les couches plongent au sud-ouest,
c'est-à-dire d'une manière assez conforme au plongement des roches qui
composent la contrée comprise entre Baschkischia et Siristat.
CHAPITRE VI. 341
compacte, exhalant sous le marteau une odeur bitumineuse
et formant pour la plupai't des hauteurs coniques, quelquefois
fendues en masses colonnaires, qui pourraient bien, sur
certains points, représenter autant de couches verticalement
redressées. Les hauteurs plus ou moins revêtues de buissons
de genévriers [Juniperus oxycedrus], sont séparées les unes
des autres par des vallées étroites qui, quoique presque
toutes élevées, jouissent d'une température remarquablement
douce, à cause de leur position abritée.
C'est ainsi que l'une de ces vallées, située à environ 2
lieues 4/2 au sud-ouest-sud de Bayalar, forme une dépression
considérable dans laquelle se trouve le village Kamaranli,
à une altitude de plus de 1,400 mètres; lorsque je le
traversai le 25 octobre I8/18, le thermomètre centigrade y
indic{ua à midi 18°,2 à l'ombre, et 37°,9 au soleil.
Depuis cette vallée jusqu'à Bostané Sou, la contrée va
toujours en s'abaissant du nord au sud, et en subissant tout
à la fois un changement progressif dans sa physionomie extérieure.
En effet, l'horizon s'élargit et laisse apercevoir de
tous côtés de magnifiques groupes de montagnes, parmi lesquels
on voit se dessiner le beau massif de Geïk Dagh,
dirigé en moyenne de l'ouest à l'est. De même, la végétation
devient de plus en plus variée et brille d'un éclat resplendissant,
surtout sur la dernière terrasse qui conduit dans la
vallée arrosée par le Bouzaktché ïcha'i, terrasse tout ensevelie
pour ainsi dire sous les épais fourrés de platanes, genévriers,
paliures [Paliurus aculeatus], lauriers-roses (Neriiim
oleander), Fontanesia [Fontanesia phijlUroeoides),
myrtes, et plusieurs espèces de chênes, parmi lesquelles le
chêne kermès {Qnercus cocci fera) se présente souvent à
l'état arborescent, tandis que les hauteurs qui bordent la rive
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