Î86 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
C H A P I T R E V.
Pour remonter ce cours supérieur de la rivière en se
dirigeant d'Euren à Seïdeler Yaïlasi, on commence tout
d'abord à gravir le massif du Gerdif Dagli, qui n'est qu'une
ramification occidentale du Kouyoulou Bel. Cette montée est
assez pénible, car il faut près de 2 heures pour parcourir
les lignes spirales que décrit le sentier très-rocailleux tout
le long de surfaces escarpées, eu revenant à plusieurs reprises
aux points situés sur la même verticale, mais à des
niveaux diflerents. A mesure que l'on s'élève, on voit disparaître
la belle végétation méridionale de la vallée du Xantlius,
et les conifères viennent remplacer les myrtes, les
phyllerea, etc.
La portion du Gerdif Dagli que l'on traverse depuis
le village Euren jusqu'au plaleau situé à 3 lieues environ cà
l'ouest de Seideler Yaïlasi, consiste en plusieurs rangées de
hauteurs presque parallèlement alignées les unes derrière
les autres. Composées de calcaire tantôt poreux à teinte rougeàtre,
à texture compacte et à cassure conchoïde, tantôt
friable et crayeux, ces hauteurs, généralement à contours
ondulés ou arrondis, sont séparées les unes des autres par
des ravins ou des vallées étroites, ornés de superbes platanes
et peupliers, tandis que les régions plus élevées sont
revêtues d'épaisses forêts de conifères, dont les troncs vigoureux
et élancés eussent pu fournir d'excellentes mâtures,
mais auxquels la main de l'homme ne touche jamais. Presque
toutes les vallées qui sillonnent le groupe du Gerdif Dagh
sont dirigées du nord-ouest au sud-est, et sont plus ou
moins élevées.
A 3 lieues environ à l'ouest de Seïdeler Yaïlasi, on descend
sur un plateau rocailleux composé de calcaire grisâtre
souvent feuilleté. Ce plateau limite du côté de l'ouest la vallée
de Seïdeler Yaïlasi, arrosée par un aftluent de l'Ak Sou
(Xanthus supérieur). Quoique presque dénuée de végétation
arborescente, elle est bordée des deux côtés par des
montagnes revêtues de belles forets de genévrier [Juniperus
excelsa). De même, malgré son élévation qui est de
1,258 mètres, Seïdeler Yaïlasi est entoui'é non-seulement
de vigoureux noyers et peupliers, mais encore de quelques
vignobles, car, sans toujours mûrir ses fruits, la vigne est
cultivée à cette altitude considérable, supérieure de 150
mètres à celle du Vésuve.
Ainsi que son nom l'indique, Seïdeler Yaïlasi n'est qu'une
station estivale et constitue l'une des Yaïla les plus fraîches
et les plus salubres de l'Asie Mineure. Les cabanes bâties
en pierre, mais à toitures en bois, sont pittoresquement disséminées
sur les hauteurs, toutes dominées par les groupes
montagneux qui limitent l'horizon (au nord-ouest et au sud),
et qui, au mois d'octobre, lorsque je traversais ces contrées,
étaient complètement couvertes de neige.
La vallée où se trouve Seïdeler Yaïlasi débouche du côté
du nord dans celle arrosée par le cours supérieur du
Xanthus, qui ici n'est qu'un mince filet d'eau. Du côté de
l'est cette vallée se confond insensiblement avec la plaine
élevée, qui sert de piédestal à la portion occidentale du
Kouyoulou Bel, chaîne considérable que l'on franchit pour
se rendre de Seïdeler Yaïlasi à Elmalu.
En gravissant le revers occidental de cette chaîne, revers
qui dans ces parages peut avoir une extension de
1 lieue 1/2 d'ouest-sud -ouest à l'est-nord-est, on voit, au
milieu de blocs nombreux, affleurer un calcaire blanc, cristallin,
offrant souvent toutes les qualités d'un excellent
marbre; la roche est divisée en minces couches voûtées ou