300 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR. C H A P I T R E V. 301
B É
essentiel qu'avaiiL de quiLler les régions littorales du midi
de l'Asie 31iiieure, nous retournions encore une fois en
Lycie, afin de résumer les renseignements que pourj'aient
nous l'ournir mes prédécesseurs, sur les parties de cette
contrée non visitées par moi-même.
V.
Dans l'important ouvrage qui coutient les résultats des
études auxquelles MM. Forbes, Spratt et Daniel se sont
livrés en Lycie, et où, malgré l'incontestable intérêt qui
s'attache aux observations géologiques et botaniques, la
partie archéologique occupe la place la plus saillante, on
voit signalées plusieurs localités caractérisées par des Nummulites
et notamment' : au nord-ouest de l'embouchure du
Xanthus, près des ruines de Cydna; sur la rive droite du
Demerdji Tchaï, entre les villages Tousa (l'antique Oyanoe)
et Gendever [Ganduba); cà Eski Hissar, près d'ElmaUi; enlin
à Armoutli (au sud-ouest-sud d'Elmalu). Or, comme, à
l'exception des deux dernières localités, toutes les autres se
trouvent groupées dans la proximité du littoral méridional
de la Lycie, où d'ailleurs Ch. Texier- a également signalé
des Nummulites clans l'île de Kakova, ainsi que sur la côte
qui tait face à cette dernière, on serait en droit d'en conclure,
avec beaucoup de probabilité, que cette côte est en
grande partie occupée par le terrain tertiaire inférieur. De
plus, la présence de Nummulites à Eskihissar et à Arf.
Travels in Lycia, elc,, vol. II, p. 168.
2. Uoscriplion de l'Asie Mineure, vol. III, p. 204-205.
moutli prouverait que ce terrain s'étend également à travers
les portions centrales de la Lycie; enfm, l'analogie
entre les roches à Nummulites et celles dénuées de fossiles
semblerait autoriser à croire que c'est décidemment le terrain
tertiaire inférieur qui domine dans la péninsule
lycienne, tout en y admettant aussi la présence des dépôts
crétacés, car les savants anglai s susmentionnés signalent '
des iHppuriles, dans les parages mêmes {Cydna et Cyanoe)
qui leur avaient fourni des Nummulites.
Au reste, il ne faut pas oublier qu'à l'époque où MM. Forbes,
Spratt et Daniel publièrent leur travail, le terrain nummulitique
n'était pas encore nettement séparé du terrain
crétacé, en sorte que l'ouvrage dont il s'agit ne saurait
nous donner aucun moyen d'établir cette distinction.
D'ailleurs, sur la carte géologique de la Lycie par
M. Spratt, les roches ignées et les dépôts miocènes et lacustres
sont seuls marqués, tandis que tout le reste de la
carte qui est censé être occupé par ce que l'auteur qualifie
de calcaire apennin {Apennine limestone) elA& macicjno, est
laissé en blanc. C'est cet espace que sur la mienne j'ai provisoirement
colorié comme appartenant au terrain tertiaire
inférieur, en réservant h mes successeurs la tcàche d'y indiquer
les endroits qui devront être revendiqués en faveur du
1. Loc. cit., p. '169. Il est bien à regretter qu'aucune détermination
spécifique ne nous fasse connaître les fossiles niimraulitiqups et crétacés
cités par les auteurs, qui se contentent de faire observer que les Nummulites
recueillies par eux à Eski-Ilissar sont d'une espèce différente de celles
fourniespar les autres localités. Sans doute, la mort prématurée el si regrettable
de M. Forbes aura été cause de cetle lacune, car il est probable qu'il
se réservait de donner, dans un travail spécial, plus de développement aux
observations géologiques consignées d'une manière trop générale dans
l'ouvrage susmentionné.