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occidentale du Bouzaktché Tchaïsont revêlues de superbes
conifères ^ Le Bouzaktché Tchaï, que l'on traverse cà peu de
dislance de Bostané Sou, est fort rapide ; son eau blancliâtre,
qui bondit dans un lit hérissé de blocs, atteint, même en
été, le ventre des chevaux; aussi le torrent n'est point guéable
en hiver.
La roche qui compose toutes les liauteurs de la vallée
est un calcaire gris, à cassure conchoïde, tantôt massif, tantôt
stratifié, et formant alors des couches puissantes soit
inclinées au sud 30° est, sous des angles de /lO à 50 degrés,
soit plissées et diversement tordues. Dans les parages de
Bostané Sou, les rives du Bouzaldclié Tchaïsont composées
d'un conglomérat grossier, qui remonte considérablement le
long des hauteurs, et paraît avoir été déposé par les eaux
du torrent, à une époque où, renfermées probablement dans
un bassin clos, elles s'élevaient à un niveau au moins trois
fois supérieur à celui cju'elles peuvent atteindre aujourd'hui.
Bostané Sou est situé sur le flanc oriental du Boudjak
Dagh qui borne l'horizon du côté de l'ouest. Ce petit village
est à une dizaine de mètres au-dessus du Bouzaktché Tchaï,
à une altitude de 538 mètres. La températur e hivernale doit
y être des plus modérées, car le 29 octobre (18/|8), lorsque
je m'y trouvais, mon thermomètre centigrade marquait
21°,5, une heure avant le coucher du soleil.
La riche végétation du Bouzaktché Tchaï se soutient sur
l'espace de 2 lieues environ, que l'on franchit depuis Bostané
Sou jusqu'au pied septentrional du Topguedik Dagh,
en traversant une contrée fort pittoresque, hérissée d'impo-
'I. Parmi ces conifères figurent Picea orientalis, Pinus laricio et
Pinus pinea.
sants groupes montagneux, ou sillonnée par de profonds
ravins et précipices. A mesure que l'on se rapproche du
Topguedik Dagh, et qu'on en gravit les contre-forts septentrionaux,
le caractère méridional de la végétation s'évanouit
rapidement. Déjà à 3 lieues environ au sud de Bostané Sou,
les forêts ne sont plus composées qu'exclusivement de conifères,
parmi lesquels se montrent cpelques cèdres isolés qui
paraissent remonter jusqu'à 1,600 mètres, tandis que le
Juniperus excelsa dépasse cette altitude, et atteint probablement
celle de 2 ,000 mètres, puisque ce genévrier orne encore
les hauteurs pointues qui dominent le col par lequel on traverse
la montagne, col dont le point culminant est de
1,900 mètres.
A k lieues environ au sud du village de Bostané Sou, le
massif du Topguedik se trouve, en quelque sorte, coupé en
deux par une profonde vallée, qu'arrose un ruisseau rapide,
auprès duquel s'élève solitairement un vieux khan, destiné à
servir de lieu de repos ou de refuge aux voyageurs qui se
rendent de KaramanàErmenek, à travers cette région montagneuse
et déserte. Ce khan marque à peu près la moitié delà
route entre Bostané Sou et Ermenek, puisqu'il est distant de
k lieues de la première localité et à 5 lieues de la dernière.
Le massif du Topguedik, mais surtout la partie de cette
montagne située au sud de la vallée susmentionnée, présente
une succession cte terrasses arrondies, superposées les
unes aux autres, et dont la plate-forme la plus élevée est hérissée
de plusieurs pics ou aiguilles, le tout composé de calcaire
bleuâtre ou griscâtre, divisé soit en colonnes verticales,
soit en bancs inclinés et alternant avec des calcaires sableux.
Lorsqu'on est parvenu au somrnet du col qui traverse
les régions supérieures de la montagne, on se croit placé