320 T E R K A I N TERTIAIRIÌ INFÉRIEUR.
blanc et de marne compacte, l'un et l'autre plongeant au
sud-ouest, est revêtue de puissants dépôts détritiques composés
d'argile grise, de marne et de calcaire. Pendant l'été,
les rayons dévorants du soleil convertissent ces surfaces
arides en nappes pulvérulentes, dont l'aspect contiibue à
augmenter la physionomie triste et monotone de la contrée.
A mesure qu'on s'avance vers Bouldour, et déjà à 2 lieues
environ à l'ouest de cette ville, les deux rangées de montagnes
calcaires qui bordent la plaine au nord et au sud, se
1-approchent de manière à former des saillies qui, comme
autant de promontoires, s'allongent jusqu'aux bords du lac.
Nous avons vu ' qu'à peu de distance de Bouldour les calcaires
sont remplacés par des roches éruptives qui, à leur
tour, cèdent la place à des dépôts lacustres, que nous étudierons
dans la partie de cet ouvrage consacrée aux terrains
tertiaires supérieurs.
C'est à peu près à 2 lieues au sud-est du village Kourna,
qu'on voit repai'àitre les calcaires blancs ou jaunâtres à facies
eocène. En se rendant de Kourna à Agiasan, on traverse,
sur un espace d'environ li lieues, une succession de vallées
et de plateaux limités au nord par les ramifications de
l'Aglasan Dagh% et au sud par des hauteurs moins élevées;
toutes ces montagnes généralement peu boisées, sont composées,
soit de calcaire blanc ou jaunâtre éclatant sous le
marteau, soit de marnes blanchâtres, bleues ou rouges,
plongeant au sud-est. Sur certains points se présentent des
dénudations qui font voir ces roches dans l'ordre suivant
1. Loc. 'i%o.
2. C'est, par ce nom que l'on désigne le massif montagneux qui s'élève
immédiatement au-dessus du village d'Aglasan et qui ne paraît être que le
prolongement sud-ouest du Dauras Dagli.
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en commençant par le bas : 1, calcaire jaunâtre; 2, marnes
blanches et rouges; 3, marnes rouges. Le calcaire (n"l)
prend une structure de ]Mus en plus cristalline à mesure
qu'on se rapproche d'Aglasan.
A h lieues environ à l'est-sud-est de Kourna, on descend
dans une belle plaine, dont le sol paraît être composé d'un
grès analogue au, grès lacustre à concrétions siliceuses si
largement développé dans les parages de Kourna; il ne fait
d'abord qu'affleurer, mais peu à peu on le voit former des
collines considérables, échelonnées le long des flancs des
montagnes de calcaire cristallin qui, des deux côtés, bordent
la plaine. Cette dernière se rétrécit en une vallée fort accidentée
dans la proximité d'Aglasan.
Le massif montagneux de l'Aglasan Dagh, siu- le versant
méridional duquel se trouvent les splendides ruines de
Sagalassus, désignées aujourd'hui sous le nom de Boudroun,
est séparé du village d'Aglasan par une surface ondulée
d'environ 600 mètres de longueur du sud au nord, revêtue
çà et là de taillis de pins (Pinus caramanica, Spach), de
noyers, etc. C'est après avoir franchi cette surface, qu'on
commence la montée pour atteindre les célèbres ruines. L'ascension
est d'abord assez aisée, mais bientôt les pentes deviennent
Irès-roides et hérissées d'énormes blocs. Boudroun
doit être de 200 mètres environ au-dessus du village Agiasan,
dont l'altitude est de 1267 mètres, en sorte qu'on pourrait
évaluer l'altitude de l'antique cité à environ 1467 mètres,
ce qui s'accorderait avec le témoignage des habitants d'Aglasan
, qui m'ont assuré que pendant plusieurs mois de l'hiver
les ruines de Sagalassus sont ensevelies sous la neige
1. Le climat rigoureux de Sagalassus est peu compatible avec les habitudes
éminemment méridionales qui semblaient avoir caractérisé les habi-
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