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serait donc pas impossible que si toutes ces marnes et
grès, caracLérisés par des conditions stratigraphiques si
différentes, appartiennent au même terrain Jurassique, leur
dépôt se fût effectué tantôt après, tantôt avant l'éruption
des roches doléritiques de cette contrée, et que, des lors,
ces éruptions n'eussent pas eu lieu à la même époque géologique.
Le Moudourlou Derbent débouche ( à 3 lieues au sud
de Moudourlou) dans une vallée étroite que l'on traverse
sur une ligne d'environ 2 lieues; elle est bordée par
des montagnes arrondies, toutes symétriquement rayées
par les couches de grès noir alternanl avec des marnes
grises feuilletées ; les couches sont quelquefois presque
horizontales, mais le plus souvent fortement inclinées soit
au nord, soit à l'ouest; sur plusieurs points, le redressement
est vertical. Enfin à 5 lieues, au sud de Moudourlou,
la vallée débouche dans une deuxième vallée
beaucoup plus large, arrosée par l'Alan Sou (autrement
appelé Moudourlou Sou), qui coule en moyenne de l'ouest
au sud-est-sud. Au point de jonction de ces deux vallées se
trouve un petit corps de garde, habité, comme à l'ordinaire,
par une couple de Zaptié (soldats irréguliers) déguenillés,
dont la véritable destination n'est pas toujours facile
à pénétrer. Toute la région montueuse, comprise entre le
Moudourlou Derbent et la vallée d'Alan Sou est plus ou
moins aride et monotone; cependant, à mesure qu'on descend
celte deuxième vallée pour !R3 rapprocher de Nallukhan,
son aspect devient plus varié, car les montagnes coloriées
en rouge, jaune et bleu par les couches de grès et de
marnes, toutes alignées avec une admirable symétrie et
plongeant le plus souvent à l'ouest ou au sud-ouest, impri-
T E R R A I N .JURASSIQUE. 15
ment à la contrée une physionomie particulière, qui rappelle
les régions de Sivas sans en avoir la nudité, attendu que
dans la vallée de l'Alan Sou les hauteurs sont plus ou
moins boisées, en sorte que leurs teintes diverses se détachent
agréablement sur le fond vert de la vallée, ombragée
par des tailhs et des bocages, et vivifiée par un joli ruisseau.
A deux lieues environ au sud-est-sud du corps de garde
précédemment indiqué, la vallée de l'Alan Sou se trouve
rétrécie par les montagnes composées de calcaire blanc
crayeux, passant à un calcaire siliceux ou marneux de teinte
plus ou moins foncée. Ces roches présentent dans leurs
conditions stratigraphiques un curieux phénomène de plissement
et de torsion; on le voit d'abord sur la rive gauche
de l'Alan Sou, où les flancs des montagnes sont comme
chamarrés d'arabesques par les couches repliées et tordues
en tout sens ; sur la rive opposée du ruisseau, les calcaires
forment tantôt des bancs verticalement redressés, dont les
extrémités constituent les sommités des montagnes et surgissent
en nombreux pics et tourelles, tantôt des couches
plongeant à l'ouest ou au sud-ouest sous des angles de
50 à 70 degrés.
Ce fut à 2 kilomètres environ, au nord de Nallukhan,
que je découvris des empreintes de VAmmonites plicatilis
Sow., dans un des blocs amoncelés sur les flancs des montagnes;
c'était le premier vestige organique que m'aient
présenté toutes ces énormes masses de marnes, de calcaire
et de grès, que j'avais traversées depuis Boli jusqu' à Nallukhan,
et qui, malgré leur composition très-variée, offrent
cependant une certaine concordance sous le rapport stratigraphique,
puisque, ainsi que nous l'avons vu, le plonge