332 TERRAIN TERTIAIRE INFÉRIEUR.
marteau. Cette plaine a environ 3 lieues du sud-ouest au
nord-ouest, c'est-à-dire, depuis le revers nord-ouest du
massif susmentionné jusqu' à Ketchibourlou; du côté du sudouest
elle se termine vers le lac de Bouldour, dont l'extrémité
nord-ouest est parfaitement au niveau de la plaine.
Lorsque de Ketchibourlou on se rend à Diner, on franchit
(à 1 lieue environ au nord-est du premier village) des
hauteurs dont le versant sud-est est composé de calcaire
blanc, amorphe ou cristallin, tandis que sur le versant nordouest
fortement raviné ou renflé en mamelons, les calcaires
deviennent siliceux etsableux, en passant à des grès cendrés ou
d'un jaune sale, plus ou moins désagrégés ou friables, les uns
et les autres disposés en couches puissantes, soit horizontales,
soit légèrement inclinées. C'est adroite du sentier par lequel
on descend ce revers, qu'on aperçoit une masse de calcaire
et de gi-ès tout pétris de Nummulites, parmi lesquelles domine
UiXummulUesloevigala, dont d'innombrables individus,
détachés de la roche, jonchent les parois des ravins. A côté de
ce dépôt fossilifère s'en trouve un autre beaucoup moins
puissant, composé de la même roche, mais particulièrement
cai-actérisé par la Nummulites Ramondi, ainsi que par deux
espèces nouvelles de Térébratule que M. d'Archiac a nommées
Terebmtiila dinerensis ^ et Terebratula phnjgia ^
On n'a pas plutôt franchi ces deux dépôts, pour se transporter
à Diner, que les fossiles disparaissent comme par
enchantement; il ne se présente plus la moindre trace organique
dans le calcaire jaunâtre compacte qui succède immé-
CIIAPITRE V. 333
1. Voyez Paléonlolocjie de l'Asie Mineure, p. 133, pl. iv, lig. ,
2, 3.
2. Ibid., p. '134, pl. IV, fig. 4, 4 a.
diatement aux calcaires et grès friables, caractérisés par les
fossiles précédemment indiqués.
Le calcaire jaunât r e compacte occupe en masses énormes,
diversement ondulées et frangées, toute la contrée comprise
entre Diner et Homa, village situé à une altitude de
670 mètres. Cependant, à mesure que l'on s'avance vers ce
dernier, les calcaires revêtent fréquemment le faciès d'un
calcaire des terrains de transition. De même, entre Homa et
Ischiklu, les montagnes peu boisées qui bordent des deux
côtés la plaine et les vallées, sont composées d'un calcaire à
aspect différent de celui qui caractérise généralement les
dépôts tertiaires de l'Asie JMineure : il offre souvent une
texture tellement fibreuse, que des échantillons isolés de
cette roche pourraient être pris pour du bois pétrifié.
Sur le revers nord-ouest de la montagne qui porte une
partie de la petite ville d'Ischiklu (dont l'altitude est de
717 mètres), on voit des dépôts de brèche, composée de
fragments souvent très-considérables de roches calcaires,
parmi lesquelles domine un calcaire noir (probablement emprunté
aux terrains de transition) ; ces éléments fragmentaires
sont cimentés par une pâte calcaire, grisâtre, compacte.
Un peu plus bas que la ville, apparaissent tout le long
du ruisseau Ak Geuz (affluent du Menderez Tchaï) des
dépôts d'argile grise, dont les habitants se servent pour la
fabrication de briques non cuites.
Il est possible que les brèches ainsi que les argiles grises
constituent des dépôts de l'époque pliocène (ou peut-être
même d'une époque plus l'écente), formés aux dépens des
terrains de transition et du terrain tertiaire inférieur, et que
de plus, ces brèches et ces argiles représentent ici la ligne
de démarcation, entre le terrain tertiaire inférieur et les ter