de la Prahova au Buzeu, sont encore très belles du côté de Curtea
de Argeÿ. Balayée d’un bout à l’autre par le crivej:, brûlée par des
cbaleurs d’été excessives, la grande plaine de Munténie ne reçoit en
moyenne pas plus de 500 m/m de pluie, et son sol poreux, formé
presque partout par le loess, recouvrant les graviers diluviaux, laisse
filtrer ce que l’évaporation n’enlève pas. Aussi la végétation arborescente
y est presque partout proscrite. La steppe semble être la
formation naturelle qui s’étend depuis des milliers d’années tout le
long du Danube, sur une largeur de 50 kilomètres. La grande agriculture
s’est emparée de ces plaines, le maïs et le froment y couvrent
de vastes espaces ; la population encore assez clairsemée, est obligée
de se grouper en gros villages autour de puits profonds, tandis que
dans les collines verdoyantes et bien arrosées, le paysan roumain
continue à mener la vie qui lui paraît la meilleure, établissant sa
maison là où il lui plaît, auprès d’une source ou d’un ruisseau, cultivant
son cbamp de maïs, en même temps que son verger, ses pruniers
ou sa vigne.
Le peuple a le sentiment profond de la différence radicale qui
existe entre ces deux pays, et, chose curieuse, ce sont moins les
contrastes du relief qui le frappent, que ceux de la végétation et de
la vie économique. Les mots le prouvent : d’un côté c’est la plaine
nue, campul; de l’autre, c’est la forêt à demi défrichée, podgoria 1.
Les sympathies sont plutôt pour cette dernière région ; c’est là que
la population est encore le plus dense, c’est là que l’élément roumain
a pris pied depuis le plus longtemps. C’est par là que nous allons
commencer l’étude de la Munténie.
I
De l’Oltu au Milcov, la zone des collines s’étend sur une longueur
de plus de 200 kilomètres, avec une variété étonnante de formes et
d aspects. Plus large à l’O., elle va en s’amincissant de plus en
plus vers l’E., et se soude de plus en plus intimement aux Karpates.
La vallée de la Dâmbovij;a marque à peu près la démarcation entre
deux régions assez différentes.
1. Cf. les expressions de Forêt, Wald (Forêt Noire, Schwarzwald, Teutobür-
gerwald, Forêt de Sillé, Forêt de Montaud, etc.) souvent employées pour désigner une montagne. par le peuple
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