Les Fogarash qui sont le massif le plus constamment élevé des
Karpates valaques sont presque complètement libres de neige pendant
cinq mois, de mai à octobre. A la fin de septembre, les chutes
de neige sont déjà fréquentes, mais elles sont suivies immédiatement
de plusieurs jours d’un temps superbe; l’air d’une limpidité étonnante
laisse aux rayons du soleil, déjà moins ardent, assez de force
pour dégager toutes les pentes qu’ils peuvent atteindre. Dans les
premiers jours d’octobre, nous avons encore trouvé le versant N. du
Paringu, à demi nettoyé d’une chute de neige récente. Le sol gelé,
sonnant sous le pied, et les cascades solidifiées, ne se conservaient
que sur les pentes abritées.
Yers le milieu d’octobre, si quelque nouvel orage se déchaîne,
l’ensevelissement est à peu près définitif. C’est en mai seulement
qu’on verra peu à peu s’émietter le manteau immaculé qui couvre
les cimes. Alors les avalanches se précipitent sur les flancs abrupts
des ravins, des vallées encaissées; les torrents bondissent, subitement
gonflés, roulant dès flots troubles et entrechoquant dans leur
lit des blocs énormes.
L ’époque de la fonte des neiges, si importante pour l’agriculture
dans la plaine, ne l’est pas moins en montagne. A peine les pentes
déboisées sont-elles nettoyées, que l’herbe, qui déjà perçait par
endroits le tapis blanc, jaillit en toufles d’un vert dru. C’est le
moment où les troupeaux montent par les vallées pour gagner les
hauts pâturages ; le feu s’allume dans les stîne, la montagne s’anime
et se peuple.
Le court été de la montagne est relativement chaud. Un thermomètre
enregistreur, installé à 2,000 mètres dans un cirque exposé
au N. du Paringu, nous a donné pendant le mois d’août des températures
de plus de 20° 1. Encore ne faut-il pas juger par la température
de l’air de réchauffement très intense que peut subir le sol
On sait que la différence entre les maximas de températurè du sol
et de l’air peut-être en haute montagne, considérable 2.
La station la plus élevée sur laquelle nous ayons des données
précises, Sinaïa, montre que la moyenne du mois le plus chaud
atteint encore 16 degrés à près de 900 mètres. Le mois le plus froid
1. E. de Martonne. Sur un cas particulier de .'la marche de la température en
haute montagne, Bull. Sc. d. Sc. de l’Ouest, 1900.
2. Voir Hann. Handbuch der Klimatologie, I, p. 234.
¡yf d e M a r to n n e . — La Vdlachie. Planche C.
VI, — Podu Dâmbovijiei.
Bassin d’effondrement dans la zone calcaire des environs de Bucâr.
Au fond on voit la sortie du caûon de la Dâmbovicioara.