frontières d’une netteté parfaite, sauf peut-être vers le N.-E., a plus
d’un trait commun avec la Bulgarie, le Banat, la Transylvanie et
la Moldavie. Montrer quelle est la nature de ces liens, avec quelle
région elle a le plus d’affinités, soit qu’on envisage le relief du sol,
le climat ou la biogéographie, c’est, en même temps, faire ressortir
les différences qui la m ettent à part, préciser les traits originaux de
sa physionomie, définir en un mot son individualité.
Région de transition entre le climat continental et le climat méditerranéen,
entre le domaine des forêts de l’Europe centrale, des
steppes russes et le monde végétal de la Méditerranée orientale, la
Yalachie doit à cette position même son caractère spécial, autant qu’à
son relief, où se mêlent la haute montagne, les collines hoisées et les
plaines dénudées.
CHAPITRE III
Les Divisions de la Valachie.
X. Premier essai de division naturelle : montagnes, collines, plaines. |H II. Difficultés
pour préciser l’extension de ces zones. — III. Division populaire en
Olténie et Munténie, ses rapports avec l’histoire, la géographie physique,
le climat, la biogéographie. — IY. Conclusion.
I
Le voyageur qui pénètre en Roumanie par la voie de Predeal peut,
en quelques heures, avoir un aperçu des aspects les plus divers de la
Yalachie.
Après la longue et monotone traversée de la plaine hongroise et
des plateaux transylvains, on éprouve une impression de soulagement
lorsqu’à la sortie de Kronstadt, le train s’engage dans la verdoyante
vallée qui mène au col de Predeal. De superhes forêts de sapins
couvrent les croupes aux pentes raides, aux formes régulièrement
symétriques, que constituent les conglomérats cénomaniens visibles
à chaque instant en tranchée, et que séparent de larges vallons où se
presse, le long des ruisseaux, une végétation touffue de grandes om-
bellifères, de campanules, de gentianes et de tournesols. Au-dessus,
une échappée découvre de temps en temps une haute cime calcaire.
Le col franchi, la descente se fait au galop, et c’est comme un coup
de théâtre lorsque, soudain, apparaît la masse imposante du Bucegiu,
muraille presque verticale, dominant de plus de 1,500 mètres la
profonde vallée de la Prahova. Les crêtes aux formes rectilignes, les
escarpements de conglomérats déchiquetés et découpés en un chaos
de pyramides entassées les unes sur les autres, les pentes inférieures
aux formes plus douces, couvertes d’un sombre manteau de sapins,
et la vallée, où s’étalent des terrasses herbeuses peuplées d’élégants