peuples primitifs. La seule règle générale qu’on puisse admettre,
c’est la proscription du cadre stéréotypé dans lequel on veut parfois
faire rentrer les pays les plus différents.
Il s’agit de découvrir pour chaque région le plan le plus propre
à mettre en lumière ses caractères distinctifs, à appeler l’attention
sur les problèmes principaux que soulève son étude. Ce plan
sera généralement une combinaison des méthodes synthétique et
analytique, qui pourra présenter les variétés les plus grandes, à
condition de rester fidèle à l’esprit de la géographie régionale,
dont le but est de rendre la vie d’un pays et dont le programme,
on ne doit pas l’oublier, doit être décrire et expliquer.
Il serait aussi dangereux de proscrire l’élément pittoresque,
que de méconnaître le parti qu’on peut tirer des principes scientifiques
pour éclairer les rapports des phénomènes entre eux. La
description géographique se distinguera toujours de la description
purement littéraire, en ce qu’elle tend à appeler l'attention sur les
traits caractéristiques de la physionomie d’un pays, en montrant
les contrastes avec les pays voisins, de façon à faire naître naturellement
le désir de saisir la cause de ces contrastes et au besoin
de la faire soupçonner.
On a plus d’une fois insisté sur l’intérêt que présente le rapprochement
de la géographie générale et de la géographie régionale
et sur les avantages de la pénétration de l’une par l’autre ; on
n’a peut-être pas assez marqué la différence radicale de leur
méthode, et il y aurait danger à l’oublier. Si toutes les branches
de la géographie générale peuvent et doivent être envisagées
comme de pures sciences, on n’en saurait dire autant de la géographie
régionale. Par la complexité des faits qu’elle envisage,
par son objet, qui est de rendre la vie elle-même, par les difficultés
à peu près insolubles qu’elle offre dans l’exposition, elle exige de
celui qui veut s’y essayer plus que l’esprit scientifique, un peu de
cet esprit de finesse dont parlait Pascal. Elle veut dans l’exécution
un certain sentiment d’art.
Combien l’oeuvre que nous présentons est inférieure à cette- conception,
nul n’en a conscience plus que nous. La variété et la
multiplicité des questions soulevées par l’étude de la Valachie nous
feront peut-être pardonner quelques omissions et quelques oublis ;
la difficulté de coordonner dans un sens géographique tant de
données diverses, fera peut-être excuser les défaillances de l’exécution.
Si loin que l’on se tienne de son idéal, il est toujours bon d’en
avoir un, et'nous avons cru qu’il peut être utile de l’indiquer.