Les principaux affluents du Danube qui arrosent la Valachie sont
le Jiu, 1 01 tu, l’Argeç, la Jalom ija et le Buzeu. Tous viennent des
Karpates, la plupart même ont leur source au delà de la chaîne principale,
le Jiu dans le bassin de Petroseny, le Buzeu dans la haute
plaine de Bodzafalu, l’Oltu sur le versant occidental des Karpates
moldaves. Soit qu’ils viennent de Transylvanie et traversent la chaîne
par de sauvages défilés où la pente devient considérable, soit qu ils
descendent du versant S. des plus hauts massifs de la Valachie,
comme l’Arge? et la Jalomija, originaires des monts de Fogarash et
du Bucegiu, toutes ces rivières ont à leur sortie de la montagne des
caractères communs. Leur vallée, brusquement élargie, grâce aux
facilités qu’offraient au creusement les marnes et sables des collines
subkarpatiques ou les limons des terrasses diluviales, n est plus
remplie par le courant fluvial qui se divise et s’étale avec l’allure
d’un torrent débouchant sur son cône de déjection. Jusqu au confluent
avec le Danube on retrouve les mêmes conditions : large vallée dont
la pente reste encore très forte, rivière divagante et rapide charriant
des sables et tendant à déplacer son lit. Une grande quantité de
pluies, réparties régulièrement dans l’année, serait nécessaire poui
alimenter d’une façon constante de pareils cours d eau et leur éviter
de brusques sautes de débit. Tout au contraire, les pluies sont relativement
peu abondantes dans la basse "V alachie, et les chaleurs de
l’été coïncident avec une diminution notable des précipitations ;
tandis que les pluies de printemps et la fonte des neiges, non seulement
en montagne, mais même dans la plaine, font brusquement
ruisseler une grande quantité d’eau sur le sol en majorité imperméable,
surtout dans la région du cours supérieur où les pentes sont
en même temps plus fortes.
Le résultat de ce concours de circonstances est facile à concevoir.
Les cours d’eau valaques ont un régime très inégal. La courbe des
moyennes mensuelles (fig. 33), ne peut donner idée des contrastes
extrêmes que présente le niveau de rivières comme l’Oltu ou la Jalo-
mita, se traînant à quelques centimètres au-dessus de 1 étiage pour
bondir une semaine ou deux après à deux mètres et plus. La rapidité
du gonflement, et sa disparition non moins hative atténué son
influence sur la moyenne et la présence de crues subites même pendant
les périodes de maigres, rend moins sensible les contrastes sai-
sonnaux.
On peut cependant reconnaître aisement que les basses eaux
s’étendent en général sur l’hiver et l’automne. C’est le moment où
les précipitations sont le moins abondantes en Valachie et se produisent
fréquemment sous forme
de neige. Les hautes eaux commencent
dès la fin de l’hiver, sitôt
que la température commence à
monter; les premiers dégels font
ruisseler les eaux sur toute la
région des collines et amènent de
brusques montées dans le cours
inférieur du Jiu, comme de la
Jalom ija et du Buzeu. Ces crues
commencent un peu plus tard au
voisinage de la montagne, mais à
partir du milieu de mars, elles
se répètent constamment jusqu’au
moment des premières grandes
chaleurs, grâce aux précipitations
abondantes des mois de printemps
. et d’été. Juin, juillet et août, sont
marqués par de brusques oscillations
dues a la tendance des rivières
a se dessecher, sous l’influence
d’une évaporation intense, et aux
violentes pluies d’orage qui précipitent
en quelques heures une
masse énorme d’eau. Le principal
maximum des moyennes m ensuelles
reste un maximum de
F ig u re 33. — Réginie des rivières
valaques.
1. Jiu. — II. Oltu. — III. Arge§. — IV.
Jalomij.a. — V. Buzeu. — la . Craiova-
Filiasi. — 1 b. Tftrgu Jiu. — II a. Slatina.
— II b. Ràmnic. — III. Copaceni.
Cosereni (commune d’Urzi-
ceni). — IV b. Podu Vadului (sur la
Pratiova). — IV c. Tàrgoviste.
printemps, sauf pour l’Oltu, qui
vient de Transylvanie avec un régime déjà formé. A la fin de l’été
et aujlebut de l’automne, les pertes l’emportent sur les gains, et les
maigres commencent, plus précoces pour les rivières d’Olténie où les
précipitations faiblissent déjà en juin, plus tardifs pour celles de
Muntenie. Le début de l’hiver est marqué par une légère montée de
la courbe, sensible surtout en Olténie où la recrudescence des précipitations
en septembre et octobre est caractéristique du régime pluvio-
metnque. Mais en décembre l’écoulement de ces eaux est achevé, et