rivières et forment de véritables terrasses, mais il est assez rare que
les marnes aient été mises à découvert.
La zone des dépressions subkarpatiques dont l’origine est liée aux
faits les plus importants de l’histoire du sol valaque est vraiment
une région unique en Olténie. Nulle part on ne retrouvera cette
alternance de croupes étroites et de vallées démesurément larges ;
des vallées relativement étroites, séparées par de larges plate-formes
sont au contraire la carctéristique de la zone des collines où l’érosion
est le facteur principal du relief.
Mais ce ne sont pas seulement les formes du terrain qui font l’originalité
de la zone subkarpatique. Le climat y offre des particularités
curieuses. Les pluies y sont notablement inférieures à celles que
reçoivent les hautes collines d’Olténie. P ar un régime de vents d’E.
et du S.-E., on doit s’attendre à ce que des hauteurs comme Mâgura
Slatiorului, Dealul lui Bran, Dealul Bujurescu, forment écran pour
les dépressions qui se trouvent derrière elles. Malgré l’insuffisance
du nombre des stations ce résultat était déjà mis en lumière dans
la carte dressée par M. Hepites 1 Nous avons essayé de le rendre plus
sensible par un dessin des courbes qui tîn t compte de la disposition
du relief. On peut voir qu’un minimum très marqué s’étale sur la
dépression de Târgu Jiu et qu’un autre minimum longe le pied des
monts du Lotru (v. Carte des pluies).
L ’hydrographie de cette région n’est pas moins curieuse. Sur le
fond aplani des dépressions où la pente est assez forte encore, mais
considérablement plus faible que celle des vallées de montagne, les
rivières débouchant des Karpates présentent tous les caractères d’un
cours d’eau qui cherche le chemin le plus court sur un cône de
déjection récent. Souvent, elles se divisent en plusieurs bras dont
l’importance est variable. Leur lit, creusé peu profondément, est
incapable de contenir la masse d’eau qui arrive brusquement de la
montagne par des gorges étroites et profondes. Les eaux canalisées
comme dans un tube fermé se précipitent à la manière d’un jet de
pompe dans les dépressions. Le Jiu est particulièrement terrible,
lorsque de grosses pluies ont gonflé les torrents qui se réunissent
dans le bassin de Pétroseny. L ’étroit défilé du Surduc joue alors le
rôle d’une sorte d’écluse qui arrête un instant la crue, mais la lâche
bientôt, d’autant plus violente et furieuse. Au mois d’août 1900,
1. He pit e s. Régime pluviométrique de la Roumanie, Bue., 1900.
l’onde atteignant dans le défilé 15 mètres au-dessus de l’étiage, débouchait
à Bumbesci à huit heures et arrivait à Târgu Jiu à midi.
E n une heure, le niveau du fleuve montait de deux mètres, les digues
étaient renversées, des prés, des jardins étaient inondés sur plusieurs
kilomètres. La ville ne dut d’être sauvée qu’à sa position élevée et
à la bonne construction de la digue cimentée qui la protège 1.
Ces inondations justement redoutées ne sont qu’un pâle souvenir
des débâcles qui devaient, à l’époque quaternaire, ravager le bord des
Karpates. C’est à elles qu’on doit sans doute le manteau épais de
limon, tantôt d’aspect presque loessoïde, tantôt mêlé intimement de
cailloutis qui recouvre partout les alluvions des dépressions subkarpatiques.
La fertilité du sol est due à ce limon. Nulle part il n’est
assez épais pour que l’eau soit rare; les marnes qui affleurent çà
et là maintiennent le niveau d’eau à une faible distance de la surface.
La pluie est d’ailleurs encore assez abondante, jamais moins
de 750 m/m. Le régime est moins capricieux que dans la plaine et
ne connaît pas de sécheresse d’automne. Ce sont les mois de mai
et d’octobre qui sont les plus humides 2. La température est plus
douce que dans les parties élevées de la zone des collines et les hivers
de Târgu Jiu sont moins froids que ceux de Craïova.
Tout concourt pour assurer une vie facile à une population agricole
assez nombreuse. En dehors des surfaces d’inondation, les
dépressions sont entièrement couvertes de champs et de prairies.
Les croupes séparatrices ont souvent conservé des restes importants
de l’antique forêt de chênes qui s’étendait sur presque toute la région.
Le voisinage de la montagne est une nouvelle source de revenus et
un débouché pour l’activité d’une population très dense. Sur les
pentes inférieures paissent des troupeaux de vaches qu’on rentre à
l’hiver. Parm i les hommes de quarante ans, on en trouverait difficilement
un qui n’ait été cioban dans sa jeunesse. A l’automne,
avant les premières chutes de neige, on voit encore monter et descendre
des caravanes de bûcherons, piquant des boeufs qui traînent,
d’un pas lentvla câruta remplie de bûches mal équarries, ou poussant
des chevaux chargés de çindrele, lattes préparées pour boiser les
toits et assemblées en paquets.
. 1. E. de Mahtonne. Etude sur la crue du Jiu, loc. cit.
2. Tismana : J. 72 m/m; p. 51 ; m. 58; Av. 65; M. 105; J. 128; Jt. 69, A. B9; S. 51;
O. 115; IM. 99; D. 87. — A Topesci, le mois d’octobre est plus mai (152). pluvieux (174) que