trouve tout. C’est par là que passent depuis des siècles la grande
route, et m aintenant le chemin de fer. A part Slatina, toutes les
villes sont d’ailleurs sur la rive droite de l’Oltu, au pied des collines
qui forment le flanc occidental de la vallée et c’est avec l’Olténie
qu’elles sont en relation commerciale. La berge orientale, souvent
longée par le fleuve, forme un abrupt dans lequel la seule coupure
est celle de la vallée du Topologu. La berge occidentale est au contraire
trouée à chaque instant par les vallées d’affluents assez importants.
La Bistrija, le Luncaveju, l’Olteju, le Teslui sont autant de
portes, par lesquelles la riche vallee s’ouvre naturellement vers 1.0.
Ce n’est pas vers la Munténie qu’elle regarde, c’est vers le pays
auquel elle a donné son nom, vers l’Olténie.
De tout temps, le val d’Oltu a été un centre de peuplement. La
colonisation romaine y avait solidement pris pied ; une belle chaussée
dont on retrouve encore les traces, la suivait du Danube aux K arpates
h La haute vallée en amont de Dràgàsani a surtout joué un
grand rôle dans l’histoire des principautés. C’est là que se trouvent
quelques-unes des cités les plus anciennes de la Valachie : Râmnic
la ville religieuse, siège épiscopal depuis le XLV6 siècle, cinq fois
saccagée et brûlée par les Turcs, Ocna, centre des exploitations de
sel, Rîureni, petit village transformé tous les ans en une grande ville
au moment de sa foire internationale, Drâgâçani, la ville des- vins,
dont les foires étaient souvent ensanglantées, comme celles de R îureni,
par les razzias turques2.
L’aspect de la vallée ne diffère pas sensiblement de celui qu’offre
la haute vallée du Jiu. La rivière, souvent partagée en plusieurs bras
qui entourent des îles boisées, coule à peu près à égale distance des
collines, mais avec une tendance à se rapprocher plutôt de la berge
orientale moins élevée. Tout le fond de la vallée est occupe par une
terrasse couverte de champs de maïs et parsemée de petits hameaux.
La population est ici très disséminée. Au pied des collines boisées, le
débouché de chaque vallon est marqué par un groupe de maisons
entourées de vergers. Sur les coteaux exposés à l’E., les pruniers en
plantations serrées se mêlent aux vignes. Une impression de vie, de
richesse, d’abondance, se dégage de tout ce pays.
1. Schuchhabdt. Wálle und Chausseen in S. und 0. Dacien, Arch. Epigr. Milteil.
Wien, IX, 1886.
2. L ahovari. Oltul, Bull. Soc. Géogr. Rom., 1891.
Pourtant ce n ’est pas ici que la vallée de l’Oltu est le plus peuplée.
La densité qui est de 57 habitants par kilomètre carré, s’élève à 105
dans la basse vallée, véritable oasis au milieu des plaines dénudées de
la terrasse diluviale. L ’approche de la dépression s’annonce lorsqu’on
vient de Bucarest par des vallonnements de plus en plus accentués,
qui rompent la monotonie du plateau. Des ravins entaillés dans le
limon, et sans eau, se creusent de plus en plus profonds. Enfin, on
débouche dans une plaine immense, en partie boisée, où l’oeil cherche
en vain la rivière perdue au milieu des bouquets de chênes et des
saulaies. A Slatina, le val d’Oltu n ’a pas moins de 10 kilomètres de
large. Outre le bras principal, une foule de petites rigoles se croisent
dans la plaine alluviale, affluents qui longent le bord d’une terrasse
sans se décider à rejoindre le fleuve, canaux par où le trop-plein des
eaux se déverse au moment des crues. Dans toute cette zone, souvent
inondée, on ne trouve à peu près aucune habitation. Toutes se
groupent sur une terrasse correspondant à celle du Jiu, et qu’une
seconde terrasse domine à partir de l’Olteju. Cette seconde terrasse
n’est autre que le rebord de la terrasse diluviale dans laquelle la
vallée est creusée.
Le val d’Oltu complète heureusement cet ensemble de régions
variées qui forme l’Olténie. Il y a là un groupement naturel de pays,
différents par leur nature physique, leurs ressources économiques,
leur mode de peuplement, mais qui se complètent en formant un tout
harmonieux et qui se suffit à lui-même. On comprend la persistance
du sentiment national dans une contrée aussi bien faite pour vivre
d’une vie à part. Actuellement encore, l’Oltean, s’il est fier de la
grande patrie roumaine, revient avec plaisir dans sa petite patrie.
Les splendeurs de la capitale, à demi occidentale, qui brille en
Munténie, ne font pas oublier le charme de vieilles villes comme
Craïova ou de jeunes cités actives comme Târgu Jiu.