et la Bucovine (Rodna). Tous les deux paraissent formés en grande
partie de sédiments paléozoïques métamorphisés. Les géologues
hongrois1 y distinguent trois groupes, les géologues roum ains2
m ettant à part le granit et le granit-gneiss qu’ils considèrent
comme éruptifs, distinguent deux groupes : le groupe inférieur probablement
archéen qui comprend des roches fortement cristallines
plus ou moins voisines des micaschistes, et le groupe supérieur' probablement
primaire, formé par un complexe de roches appartenant
à la série des chloritoschistes.
Ces couches ont été fortement redressées à la fin du primaire, form
ant des synclinaux et anticlinaux qui suivaient à peu près l’orientation
actuelle de l’axe de la chaîne karpatique. C’est dans ces
synclinaux que se serait déposée la formation de Schéla comprenant
des schistes et grès très durs qui, à Schéla, offrent des veines d’anthracite
et des traces de plantes, mais qui presque partout ailleurs
se trouvent transformés par dynamométamorphisme en schistes graphiteux,
schistes à chloritoïde et quartzites. Cette formation, probablement
carbonifère 3, se rencontre sur le flanc N. du Paringu, associée
à des calcaires cristallins, jalonnant une faille très importante
qui fait buter le groupe supérieur contre le groupe inférieur i. On la
retrouve encore sur les bords du bassin de Petroseny6, ce qui peut
faire considérer cette dépression comme l’un des traits les plus anciens
de la structure des Karpates.
Son axe, en effet, semble continuer la grande faille sinueuse du
Jieju, qui, d’après M. Munteanu Murgoci6 coupe le Lotru. à Stefanu,
remonte vers le N". le long du ruisseau de Yidra, suit la vallée de
Maileasa et vient ainsi rejoindre le synclinal très ancien du Lotru.
Si l’on se rappelle que la vallée de la Cerna est, d’après Schafarzik,
formée par un fossé tectonique où le groupe supérieur du cristallin
1. B. v o n In k ey . Geotektonische Skizze der W. Hälfte des Ungar. Rumän. Grenzgebirges,
loc. cit.
2. L. Mrazec. Essai d’une classification des roches cristallines de la zone centrale
des Karpates roumains, Arch. de Sc. phys.'et nat.. (4), III, 1897.
3. L. Mrazec. Ueber die Anthracitbildungen des S. Abhanges der Südkarpaten.
Communication à l’Ac. des Sc. de Vienne. Akadem. Anzeiger, 1895, n" XXVII.
4. G. Munteanu Murgoci. Les Serpentines d’Urde, Muntinu et Gäuri, Ann. Mus.
Geol. Bucarest (1896). — 'Grupul superior al cristalinului in Masivul Paringu,
Bull. Soc. Ingen. Bue., III, 1, 1899.
5. Inkey. Die Transsylvanischen Alpen, loc. cit.
6. G. Munteanu M urgoci. Grupul superior al cristalinului, loc. cit.
se montre affaissé entre deux bandes du groupe inférieur, on arrivera
à la conclusion que, à la fin des temps primaires, une série de dislocations
marquaient déjà les lignes directrices du relief actuel des
Karpates É Certains détails même paraissent avoir été déjà esquissés.
C’est ainsi que l’abaissement de d’axe des plis, si sensible à Lainici,
présageait déjà la formation de la vallée du Jiu 2.
Les mouvements tectoniques qui dessinaient ainsi déjà quelques-
uns des traits fondamentaux de la structure des Karpates amenèrent
la montée de granités qui forment çà et là des bandes E.-O. plus
ou moins transformées en granit-gneiss par dinamométamorphisme
et de nombreux filons de diabases, diorites et porphyres.
Àu commencement du secondaire, toute la Yalachie devait faire
partie d’un continent émergé déjà depuis quelque temps, et qui, à
la fin du Trias se trouvait réduit à l’état de pénéplaine. C’est, en effet,
sur une surface de planation bien caractérisée que reposent les
schistes et calcaires liasiques et jurassiques (?) 3 de la Cerna, de
Polovraci, de la Latorija, restes d’une couverture continue et nettement
discordante sur les schistes cristallins. Lorsque, d’un sommet
élevé tel que Mândra, point culminant du Paringu, on regarde vers
l’O. dans la direction des monts du Vulcan, on ne peut manquer
d’être frappé par l’aspect de plateau que présentent ces montagnes,
formées par une série de-crêtes qui s’abaissent lentement vers le S.
Les lambeaux calcaires qui forment presque tous les sommets élevés
se reconnaissent à leur air de pustules parasites. Quand par un beau
soir d’été, dans la brume d’or du couchant qui accentue les profils
et rend plus sensible le parallélisme des lignes, on contemple ce
spectacle, on ne peut s’empêcher de se demander si ce plateau, dou-
1.. E. de Martonne. La Roumanie, extr. Grande Encyclopédie, p. 21.
2. L. Mrazec. Contributions à l’histoire de la vallée du Jiu, Bul. Soc. Sc. Bue.,
VIII, 1899. — E. de Martonne. Sur l’histoire de la vallée du Jiu, CR. Ac. d. Sc.,
1899.
3. D’après Drachiceanu (Mehedin(i Studii geologice Bue, , -1885 et Erläuterungen
zur Geol. Karte des Königreichs Rumänien, Jahrb. K. K. Geol. Reichsanstalt, 1890),
quelques-uns de ces calcaires seraient crétacés. —: T oula (Eine geologische Reise
in die Transsylvanischen Alpen Rumäniens, Neues Jahrb., 1897, pp. 142 et sqq.).
— Redlich (Geologische Studien in Rumänien, Verh. d. K. K. Geol. R. A., 1896).—
Mrazec (Partea de E. a mun(.ilor Vulcan Buc., 1898). — Murgoci (Masivul Paringu
Bue., 1898, Grupul superior al cristalinului), etc., les considèrent dubitativement
comme jurassiques.