IY
A l’E. d’une ligne passant par Mizilu et le Csukas,. s’étend une
nouvelle région, dont le drainage et le modelé sont l’oeuvre presque
exclusive du Buzeu et de ses affluents. Moins variée d’aspects, moins
peuplée dans l’ensemble, elle offre cependant des coins où la richesse
du sol ne le cède en rien aux vallées de Prahova ou Teleajna. La
structure physique est plus nettement encore déterminée par les plissements
des couches tertiaires. On en connaît encore mal le détail,
mais il est facile de retrouver dans le réseau orthogonal formé par
les vallées du Buzeu et de ses affluents, la trace de synclinaux et
d’anticlinaux orientés du N.-E. au S.-O. Les plis déjetés vers le S.-E.
deviennent la règle. D’après les recherches les plus récentes 1 la bordure
du flysch est constamment marquée par un chevauchement des
plis karpatiques sur ceux du tertiaire, faisant suite à la grande faille
qui limite les Hautes Karpates par rapport à la région salifère de
Slànic.
Le trait le plus caractéristique de cette région est l’abrupt par
lequel les hautes collines dominent la terrasse diluviale. Des sommets,
dépassant 600 et 700 mètres (Istrija 758m), s’abaissent jusqu’à
50 mètres par une pente continue de 10 à 15 degrés. De loin, ces
hauteurs boisées que couronnent parfois des escarpements gréseux,
ont l’air de véritables montagnes. Les pentes inférieures, bien exposées
au S.-E., sont couvertes de vergers, de vignes, de plantations
de pruniers, semées de maisonnettes isolées ou groupées en petits
hameaux. Plus bas s’alignent en file presque continue, les villages
établis au débouché de chaque vallée. L ’impression d’abondance et
de vie est la même que celle que donnent les coteaux de l’Argeç entre
Pitesci et Gâiesci. La densité de la population dépasse 100 habitants
au kilomètre carré. Les richesses minérales du sous-sol ont éveillé
une activité industrielle. Les noms de lieux témoignent souvent de
la présence du sel : Y alea Sârata, Gura Sâratei. Le pétrole'est exploité
aux environs de Munteoru. Les gros villages ne sont pas rares :
Mizilu, Breaza sont des marchés fréquentés à la fois par le podgorean
et l’habitant de la plaine.
1. Mrazec et I e is s e y r e . Aperçu géologique sur les formations salifères et les
gisements de sel en Roumanie, Monit. d. Intérêts pétrolif. roum., 1902.
Si l’on franchit la crête des collines dont l’Istri^a est le plus haut
sommet, on tombe dans la vallée du Niscovu, qui n’est qu’une suite
de hameaux et de vergers, dominés par des coteaux boisés. Toute la
région assez montueuse qui s’étend jusqu’au Buzeu a le même caractère.
La densité de la population y atteint presque 130 habitants par
kilomètre carré. Seule, la vallée du Buzeu dépasse encore ce chiffre,
grâce à de gros bourgs comme Mâgura, Plescoi, Pârscov, lieux de
foires et de marchés pour toute la contrée.
Il est-encore difficile de dire exactement à quelles dislocations
correspondent des vallées comme celles de la Bîsca, du Buzeu, du
Niscov, mais il semble bien évident que la Bîsca inférieure et le
Buzeu jusqu’à Pârscov, ainsi que le Niscov dans tout son parcours,
sont des sillons longitudinaux. La vallée maîtresse du Buzeu a été
la plus atteinte par l’alluvionnement provoqué par l’affaissement de
toute la région ; mais le déboisement imprudent des coteaux voisins
a réveillé dans ses petits affluents une puissance d’érosion terrible.
On voit des amoncellements de blocs gros comme une maison, au
débouché de ruisseaux qui roulent à peine en temps ordinaire
quelques grains de sable. Le grand fleuve lui-même, semble être
revenu à une période d’activité ; les terrasses limoneuses qui encombrent
le fond de la vallée n’offrent aucune résistance et l’on y
voit le lit se déplacer avec une rapidité étonnante 1
Les affluents de gauche du Buzeu (Slâuic, Sâratelu), sont les torrents
les plus fougueux; on peut dire qu’ils démolissent, plutôt qu’ils
n’arrosent le pays. L ’érosion dans les schistes ménilitiques, dans les
marnes gréseuses du flysch et dans les formations salifères a parfois
de singulières surprises. Les marnes délayées laissent glisser tout
un paquet de couchés ; une lentille de sel ou de gypse dissoute, provoque
un affaissement du sol et la formation d’un lac. Tel le lac de
Yintila Yodâ sur lequel le vent promène une île flottante 2.
Les massifs de sel ne sont pas rares et la curieuse végétation qui
les accompagne peut s’observer dans plus d’un vallon. L ’eau du
Sâratelu est imbuvable, ses alluvions mêlés de gypse et de sel, impropres
à la culture. Le pétrole, encore à peu près inexploité existe
certainement en m aint endroit. P artout on signale des sources minérales,
et le village de Pâclele est célèbre par ses volcans de boue 3.
1. Déplacement de 50 mètres en une année près de MISjet.
2. Danescü. Dict. geogr. Jud. Râmnicu, p. 161.
3. CobL lcescu. Studii geo lo g ice çi p a leo n to log ice, p. 73.