du loess atteint son maximum le long du Danube, particulièrement
dans le B ârâganh
Lorsqu’un nouveau changement de climat amena une seconde
période glaciaire, le débit des cours d’eau se trouva subitement accru
et des fleuves puissants recommencèrent à descendre des Karpates.
Ce sont eux qui ont creusé les vallées actuelles, entaillées dans le
loess, les graviers diluviaux, et quelquefois jusqu’au tertiaire. Mais
on comprend aisément que le changement de climat qui a fait disparaître
les glaciers a dû avoir pour résultat d’arrêter brusquement
l’oeuvre de ces rivières. Deux ou trois artères maîtresses ont seules
gardé assez de vitalité pour continuer à rouler leurs eaux régulièrem
ent jusqu’au Danube ; les autres sont restées frappées d’impuissance
jusqu’à l’heure actuelle, et leurs vallées ne sont plus occupées
que par un chapelet de lacs dormants, quelquefois même salés.
Telle est l’histoire de la terrasse diluviale, qui forme presque toute
la Munténie. On peut maintenant se rendre facilement compte de ses
différences locales d’aspect et de ressources. Le plateau, par lui-même
est sec, nu, inhabitable. Dans ce sol poreux, qui laisse filtrer l’eau,
les arbres ne peuvent trouver de quoi s’établir, à moins de protections
spéciales. L a nappe d’eau souterraine s’appuie sur les argiles tertiaires,
imprègne les graviers de base et monte dans le loess jusqu’à
un niveau plus ou moins élevé, suivant l’allure du soubassement
tertiaire et le relief du sol-actuel. Elle jaillit en sources sur les flancs
de presque toutes les grandes vallées, et, partout où il y a une
dépression assez marquée, elle peut être atteinte par des puits de
quelques mètres de profondeur. C’est naturellement là que se porte
la population ; c’est là seulement que la végétation arborescente peut
prospérer, et qu’on peut trouver facilement l’eau, nécessité absolue
pour les établissements humains.
L’abondance plus ou moins grande des vallées, l’épaisseur plus ou
moins grande de la couche de loess, voilà donc quels doivent être les
facteurs de la différenciation géographique dans la plaine valaque.
Le loess est plus épais au S. qu’au N., à l’E. qu’à l’O. L ’écoulement
des eaux a toujours été plus facile et plus abondant au voisinage de
la montagne. Ainsi s’explique que les régions les plus élevées de la
1. Le loess serait donc en Valachie interglaciaire, de même qu’on l’a constaté
dans l’Europe occidentale (Penck. Mensch und Eiszeit, Archiv. {. Anthrop., XV,
3,1 884 ; P enck et L. du P asquieh. Sur le loess préalpin, son âge et sa distribution
géographique, Bull. Soc. Sc. Nat. NeufchAtel, XXIII, 1895).
terrasse diluviale soient aussi les plus découpées, les plus arrosées,
les plus riches, les plus peuplées ; tandis que les plus basses sont aussi
les plus uniformes, les plus sèches, les plus pauvres et les plus
désertes.
I I
Le pays qu’arrosent l’Argeij et ses affluents, jusqu’a Bucarest, est
le coin le plus riche de toute la plaine de Munténie. C’est notre
Haute Terrasse d’Arges, où la densité de la population surpasse
même la moyenne de la zone des collines (i 2 habitants par kilomètre
carré). Nulle part on ne retrouve la terrasse découpée par autant de
vallées, ni les taillis de chênes aussi nombreux. E ntre Gâiesci, Titu
et Târgoviste, les mouvements du sol sont assez prononcés, les forets
assez belles pour qu’on puisse douter si l’on est vraiment sorti de la
podgoria. L a pente du sol est encore assez forte : 1/230“ (Târgoviste,
299 mètres, Gherghani 144 mètres). Mais, à la hauteur de Titu,
elle diminue rapidement : 1/700“ (Gherghani 144 mètres, Bucarest
89 mètres), et l’on voit alors des vallées, jusque-là distinctes, se
brancher les unes sur les autres, formant un reseau anastomosé de
fossés plus ou moins larges et plus ou moins profondément entaillés
dans la terrasse diluviale. Les unes sont encore suivies par des cours
d’eau importants, comme l’Arge§ et la Dâmbovija, les autres ne
sont plus parcourues que par de petits ruisseaux, qui finissent par
se résoudre en un chapelet de mares plus ou moins privées d’écoulement
(Apa Colentina).
Si l’on songe que nulle part la pente moyenne de la terrasse
n’est aussi forte, on comprendra que les eaux sauvages de l’époque
quaternaire se soient de préférence écoulées par ici; n’arrivant pas
à se frayer assez vite un lit suffisant pour les grandes crues, les
fleuves torrentiels se divisaient en plusieurs bras, qui déblayaient
chacun un fossé plus ou moins large. Quand le débit des rivieres
baissa, à la suite de la disparition des glaciers, beaucoup de ces cours
d’eau tombèrent en décrépitude. Telle est l’histoire de la Colentina,
de Yalea Pasere, et de tant d’autres vallées sèches, jalonnées de
flaques d’eau dormante, où les pluies de printemps forment encore
des ruisseaux temporaires.
Si ces vallées sont déchues de leur ancienne importance hydrographique,
elles ont encore l’avantage de multiplier les points d’eau