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Munténie. Dans le Bârâgan et sur la terrasse du Buzeu, la valeur
de la terre était à peu près nulle il y a quelque vingt ans. Tel, qui
possédait des mille hectares de friche, s’est trouvé d’un coup enrichi,
du jour où l’on y a mis la charrue. Des pâturages communaux,
achetés à vil prix par un spéculateur avisé, sont devenus d’excellentes
terres à blé. Dans toute cette région, on connaît et commence
à appliquer les derniers perfectionnements de la culture moderne.
A l’époque des moissons, le ronflement des batteuses est, avec le
croassement des bandes de corbeaux, le seul bruit qui trouble ces
solitudes. Dans le Bârâgan, on a des semeuses mécaniques, des
trieuses de grains. On sulfate les semences, on herse, au printemps,
les blés d’automne. A peu près partout, même les paysans se servent
de charrues à labour profond et de machines à battre, s’associant
à plusieurs pour en louer une 1.
La culture du blé est encore très répandue en Olténie, jusque
dans la région des basses collines de Dolj et d’Amaradia' (Romanaji
49 %, Dolj 43,5 %) ; le caractère subméditerranéen du climat, avec
ses sécheresses précoces, en est la principale raison. Dans les allu-
vions anciennes consolidées de la terrasse danubienne, les récoltes
sont excellentes. Quelques-uns des grands domaines de l’E tat sont
établis là ; -on y met en pratique les perfectionnements connus dans
la basse Munténie. La qualité des grains de l’Olténie paraît supérieure
à celle des grains de la Munténie en général.
Il est curieux de voir combien l’opposition est marquée, à tous les
points de vue, entre les pays dé maïs et les pays de blé. Ici, petite
propriété, petite agriculture de procédés assez arriérés, population
relativement très dense,, établie depuis longtemps dans la région,
disséminée en une foule de petits hameaux ; chacun a sa maisonnette,
entourée d’un petit champ, où il sème et récolte le maïs, avec
un jardinet qui lui donne les oignons, poivrons et autres légumes
nécessaires à sa nourriture. Là, de grands domaines où l’on applique
les procédés de la culture moderne, une population assez clairsemée,
généralement groupée en gros villages, dont bon nombre sont de
création récente et peuplés d’étrangers mocani dans le Bârâgan,
Bulgares dans le Teleorman et sur la terrasse danubienne d’Olténie ;
beaucoup moins de culture maraîchère, une activité tournée presque
entièrement vers les travaux des champs qui se rapportent à la culture
du blé.
2. Cornu Munteanu, spée. pp. 22-23.
289 S
Dans les pays de maïs, on a plus de bras qu’il n ’en faut pour les
labeurs ; chaque cultivateur n ’a pas, en moyenne, plus de 3 à 6 hectares
à travailler (fig. 40). Semailles et récoltes sont des opérations
relativement peu absorbantes. Dans la région des collines d’Olténie
et de Munténie, on peut semer encore le maïs, à la fois au printemps
(mars-avril), et à l’automne (septembre-octobre), le blé et
l’orge en juin. Mais, dans les districts les plus montueux, on ne fait
pas de semailles d’automne. Aussi voit-on fleurir, avec le jardinage,
l’élevage domestique, l’exploitation des forêts, et certaines cultures
plus délicates, associées
à une véritable industrie
rudimentaire : la
vigne, qui choisit les
coteaux les mieux exposés
, les pruniers,
qu’on trouve à peu près
p arto u t, donnant la
fuica, cette eau-de-vie
grossière, plus répandue
iL J S bCHD um 5 ® 6 *
que le vin. Dans les pays
F igure 40.
à blé, on a défriché et
Rapport des surfaces cultivées avec le nombre des
mis en culture, surtout
travailleurs, d’après Crainiceanu. 1, 4 hectares
par cultivateu r ; 2, 6 h ectares ; 3, 8 hectares ; 4,
depuis quelque temps,
10 hectares ; 5 ,1 3 hectares ; 6, 20 h ectares.
une surface de terrain hors de proportion avec l’accroissement de la
population; chaque cultivateur doit travailler de 7 à 20 hectares
(fig. 40). Dans le Bârâ gan, on manque de bras, malgré l’emploi des
machines, les années de bonne récolte. Aussi la population agricole
n a-t-elle guère d’autre occupation que les semences et la moisson.
On sème le blé à l’automne, généralement à partir du début de septembre,
après récolte du maïs, suivie d’un labour superficiel. Le maïs,
semé au printemps, exige un labour plus profond, qui prépare le
sol. Lorsqu’on sème le blé sur jachère, il faut deux ou trois labours
au mois de juin, juillet et septembre. Pour le blé, la moisson commence
fin juin ou au début de juillet. Parfois, on sème des maïs
d automne au milieu de septembre 1. Dans ces régions, l’élevage,
lorsqu’il subsiste, est le fait d’une population à part : ce sont les
mocani qui sont les grands pasteurs du Bârâgan.
1. Cornu Munteanu, op. cit.