raba h ont été longtemps célèbres. C’étaient de véritables marchés
internationaux, où le pays voisin venait s’approvisionner pour une
année de tout ce que l’industrie locale ne pouvait produire. Les
marchands allemands de Transylvanie, connus encore sous le nom
de Lipscani, parce qu’ils étaient censés venir du fond de la tara
nemtesca, de Leipzig, les juifs polonais et les Saxons de Kronstadt,
en étaient les principaux pourvoyeurs. Le spectacle du balciu, qui
se tient encore à R îureni au 8 septembre, et met en effervescence
tous les environs, jusqu’à Horezu et Bâbeni, ne rappelle que de loin
l’ancienne importance de cette foire, où l’on trouvait à la fois les
outils et les objets de fer importés de Transylvanie, les costumes
paysans de Kronstadt, les peaux travaillées, les chevaux de race et
les vaches hongroises, à côté des modes et confections de Tienne.
E n dix jours, on y faisait pour plus de 500,000 francs d’affaires 2.
Après la ruine des petits boyards campagnards et la spoliation des
couvents, qui étaient les meilleurs clients du balciu, le développement
des chemins de fer est en train de porter le dernier coup aux
grandes foires, qui ne subsistent guère que comme marchés de chevaux
et de bêtes à cornes. Mais l’activité commerciale éveillée ne
s’est pas endormie. Le magasin a remplacé le bazar, la maison la
tente mobile. Sans doute, tous les anciens centres n ’ont pas eu la
même fortune ; les marchés, plus nombreux ici que partout ailleurs,
à cause de la difficulté des communications dans une région mon-
tueuse et boisée, n’ont donné naissance à une ville importante, qu’autant
qu’ils occupaient un carrefour ou commandaient un passage
menant à une cité d’au delà des Karpates.
On ne saurait trop insister sur l’influence exercée sur le développement
de la Yalachie par de vieilles villes comme Kronstadt, où la
race germanique a créé, depuis des siècles, un foyer d’activité industrielle
et commerciale. L’antique renommée de Braçov (Kronstadt),
célèbre jusqu’au fond de la Bulgarie 3, vit encore dans le souvenir
du paysan valaque, pour lequel les Brasovenie sont préférables aux
produits de l’industrie nationale. Elle explique Fimportance de passages
comme les cols de Bran et de Predeal, et l’établissement nécessaire
de villes à leur débouché.
1. Dictionnaire dép. Buzeu, article Buzeu.
2. I. L a h o v a b y . O ltu l, loc. cit.
3. Jirecek. Das Fürstentum Bulgarien, pp. 219-220.
Plus ancienne est encore la route de l’Oltu. C’est par là que passait
la seule voie romaine transversale qu’on connaisse bien en Yalachie \
Nulle part les traces de la civilisation romaine ne sont plus nombreuses
que le long de cette route, qui menait à A pulum et aux
mines de sel de Yizakna. Ce n ’est pas seuleinent près de Govora,
Râmnic, Calimanesci, qu’on trouve des ruines perm ettant de localiser
Pons-Aluti et Rusidava; c’est au coeur même de la montagne,
à Cozia, Brezoiu, Racovija, qu’on rencontre les restes de camps et
de thermes. La voie de l’Oltu reste, dans la suite, la grande voie
de pénétration en Transylvanie. Hermannstadt prend la place
d’Apulum et appelle la fondation de Râmnic, de l’autre côté des
Karpates, comme Kronstadt celle de Ploiesti et Târgoviste. Le premier
soin des Autrichiens, mis en possession de l’Olténie par le
traité de 1715, est de construire, en 1717, une route de la Tour Rouge
à Calimanesci. Cette route est, pendant tout le XYIII® siècle, le
théâtre de luttes avec les Turcs, qui- s’avancent souvent jusqu’à
Cozia 2. Dès qu’elle cesse d’être un chemin d’invasion, elle redevient
une voie commerciale. C’est par là qu’entrent tous les produits de
l’industrie de Sibiu (Hermanndstadt), aussi renommée en Olténie
que Bra^ov en Munténie; par là qu’arrivent au marché de Râmnic
les vaches et les chevaux de race hongroise.
Quand la voie ferrée, en cours de construction, aura rejoint Calimanesci
à Boijia, on peut prédire à Râmnic, actuellement encore
petite ville de 7,317 habitants, un essor aussi rapide que celui de
Ploiesti, devenue, en quelques années, grâce à la ligne internationale
de Predeal, et au développement industriel de la région de
la Prahova, la première ville de la Munténie, après Bucarest et
B ràila (42,687 habitants).
Turnu Severinu est encore une de ces villes commandant une très
ancienne voie à travers les Karpates, mais c’est déjà aussi une ville
danubienne. Remplissant la double condition d’être la clef d’un
défilé et d’occuper la place où le passage du grand fleuve est le plus
facile, la position de Turnu Severinu est peut-être la seule que la
nature ait marqué d’une manière précise et indiscutable. Plus bas,
le fleuve commence à s’étaler et à se peupler d’îles; dès Ostrovo,
1. Voir S c h u h h a h d . Wälle und Chausseen in S.-O. Dacien, Archeol. u. Epigraph.
Mitteil. Wien, 1886. Cf. Diction, géogr. Jud. Vâlcea, pp. 499 et sqq. et passim.
2. L a h o v a r y . Oltul, loc. cit.