Cette curieuse percée fluviale a intrigué géographes et géologues.
L hypothèse d’une faille ou tout au moins d’une cassure qui aurait
marqué leur chemin aux eaux, se présenta d’abord aux esprits.
Elle dut etre abandonnée, quand l’étude géologique de la vallée
eût montré la ressemblance parfaite des deux rives, et l’on attribua
le principal rôle à l’érosion remontante dans la formation de la
vallée 1.
Le point difficile à expliquer était : pourquoi le Jiu s’engage-t-il
dans la gorge du Surduc au lieu de suivre le chemin facile que lui
offre la vallée de Meritor ? Lorsque, du haut du pic de Mândra, on
contemple le panorama merveilleux du bassin de Petroseny, dominé
par les cimes déchiquetées du Retiezat, il est difficile de s’imaginer
que le Jiu, dont on voit la vallée s’abaisser régulièrement vers
le ET., puisse prendre un autre chemin que le couloir bien dessiné
qui mène au bassin de Hatzeg (fig. 12).
S' I . S
F ig u re 12. — Panorama pris du haut de Mândra (Paringu), dessin d’après nature.
Pârete, v y Dimitrianu, w v seuil de Merisor
•' !' r v vallée du Jiu românesc, w w v Polatistea, y y yy yy Sadu.
En s engageant dans cette vallée, on peut constater qu’un seuil
insignifiant sépare seul la Banija, affluent du Jiu, de la rivière de
Hatzeg, le Strell. Ce seuil, formé comme tous les environs par les
calcaires jurassiques et crétacés, est recouvert d’une terrasse de
cailloutis de schistes cristallins qui ne peut venir que de l’E. 2. Il
faut donc admettre, qu’à une époque relativement récente, le Jiu
s écoulait vers le N. au lieu de traverser les Karpates.
Cette époque doit se placer vers la fin des temps tertiaires, au
moment où des effondrements tectoniques formaient les bassins de
Petroseny et Hatzeg, occupés par des lagunes saumâtres sans
communication possible avec le versant S. des Karpates (burdi-
1. I n k e ï Die Transsylvanischen Alpen, loc.cit. - L. M ra z ¡ histoire de la vallée du Jiu, loc. cit. ec . Contributions à
2. E. iîe Martonne. Sur l’histoire de la vallée du Jiu, CR. Ac. d. Sc., 4 déc. 1899.
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