l’allure du sous-sol, ou y reconnaît une série de larges ondulations.
Quelques-unes étaient déjà esquissées à l’O. de la Dâmbovi|;a ; mais
ici les synclinaux commencent à se creuser (synclinal de Yalea Larga
dans les marnes éocènes), les anticlinaux se .bombent légèrement
(anticlinal du flyscb et de l’helvétien à Mofâeni 1). Les formes du
relief deviennent plus complexes, on ne retrouve plus la régularité
des escarpements tournés vers le N"., qui caractérisent les environs
de Curtea de Argeç.
La géographie humaine offre aussi quelques traits nouveaux. On
est frappé par l’importance de plus en plus grande prise par les
vallées principales. La vallée de Jalomi(a, de Târgoviste à Serbânesci,
est une véritable fourmilière : le long des routes, c’est une file presque
ininterrompue de maisons, au milieu de vergers et de champs de
maïs. La densité de la population atteint là, 239 habitants par kilomètre
carré, tandis que le reste de la région ne compte que 40 à
50 habitants. La vogue des eaux sulfureuses de Pucioasa et la construction
d’une voie ferrée y menant à partir de Târgoviste, ont contribué
a augmenter la prospérité de cette riche vallée. Le chemin de
fer de Gâiesci à Rucâr pourrait peut-être rendre le même service à
là vallée de Dâmbovija.
La concentration de la population le long de ces grandes vallées
est due uniquement à la fertilité du sol de leurs terrasses limoneuses
et des coteaux bien arrosés qui les encadrent. Car elles ne mènent
nulle part, ce sont de véritables impasses du côté de la montagne.
Le peuplement n’en est pas dû à des colons transylvains, il s’est fait
par un graduel envahissement des habitants des environs de Târgoviste.
C’est encore vers Târgoviste que se tournent maintenant tous
les regards. C’est là qu’est le débouché naturel de toute la région
des collines de Jalomija-Dâmbovija.
I I I
Lorsqu’on dépasse à l’E. les hauteurs qui marquent la limite du
bassin de la Jalomija, on entre dans un pays où les conditions physiques
et économiques sont déjà plus complexes. Deux rivières
jumelles coulant du X. au S., la Prahova et la Teleajna, sont encore
ici les agents du drainage ; mais on ne peut rapporter tous les détails
1. P opovici-Hatzeg. Etude géologique des environs de Sinaïa. Coupe de la vallée
de Dâmbovita au N. de Gemenea, p. 149, et coupe de la vallée de Jalomita, p. 159.
du relief à leur seule action. Un réseau d’affluents coulant dans des
vallées normalement orientées aux vallées principales, commence à
se dessiner. Les collines tendent à adopter le même alignement, où
l’on reconnaît l’influence de plissements de plus en plus énergiques.
Le sous-sol, bouleversé par les efforts orogéniques,, se révèle riche
en trésors cachés jusqu’à présent : le sel, le pétrole, transforment les
pays où on les exploite. Cette région des collines de Prahova-
Teleajna, qui s’étend jusqu’à la hauteur de Mizilu, est la plus peuplée
et la plus variée d’aspects de toute la Yalachie.
C’est encore dans les grandes vallées que la population est le plus
dense. Le long de la Teleajna se pressent près de 270 habitants au
kilomètre carré. L ’aspect de cette vallée est déjà presque celui du
val de Buzeu. Une terrasse d’une horizontalité parfaite en occupe
tout le fond de Yâleni à Yalea Larga, les champs de maïs et de
froment s’y étendent à perte de vue, les arbres y sont rares, l’eau
manque à la surface, la population s’y groupe en gros villages ; on
dirait un golfe de la plaine diluviale pénétrant au coeur de la zone
des collines. Le lit de la rivière et des affluents les plus importants
montre par endroits, au-dessous des cailloutis recouverts de limon
loessoïde qui constituent la terrasse, le sous-sol formé de schistes
ménilitiques et de grès du flysch. Une seconde terrasse, plus élevée
et aussi horizontale, s’appuye sur les coteaux bas qui séparent la
Teleajna du Slânic (fig. 29). On y traverse, pendant des kilomètres,
une forêt de chênes rabougris ; les graviers diluviaux et le loess y
recouvrent encore les schistes ménilitiques qui affleurent sur le
rebord, donnant un niveau d’eau constant, le long duquel les habitations
se dispersent librement au milieu des vergers.
Deux lignes de villages, l’une suivant le pied de la terrasse supérieure
l’autre longeant la rivière s’échelonnent le long de cette vallée.
Un certain bien-être semble régner dans toute cette région; les
maisons y sont mieux bâties, plus propres, les objets de la vie courante
y sont plus chers qu’ailleurs. Le vin et la juica de Yâleni et de
Homoriciu ont une certaine renommée. De grandes foires annuelles
et des marchés hebdomadaires attirent à Yâleni de munte la population
de tous les environs.
Plus peuplée, plus riche peut-être, la vallée de la Prahova est
cependant moins attrayante. De bonne heure, la population a dû
s’y porter, il en est résulté un déboisement téméraire des collines
voisines. Livrées à l’érosion torrentielle, les marnes sénoniennes et
helvétiennes ont été ravinées avec une intensité incroyable. L ’aspect
de ces coteaux nus et déchiquetés a parfois quelque chose de désolé.