peuvent subsister, même dans le pays le plus primitif, sans appeler la
grande industrie. Elles ont trop de besoins inconnus aux agglomérations
rurales. Pour les satisfaire l’étranger peut bien envoyer
quelque temps ses meubles, ses confections, ses boissons spiritueuses,
ses livres, ses papiers, sa bijouterie ; mais bientôt il ne suffit plus aux
demandes. L ’idée vient d’ailleurs naturellement à quelques commerçants
de fabriquer pour leur compte et sur place les objets qu’on fait
venir de loin, dans l’espérance de réaliser un bon bénéfice, tout en les
cédant à meilleur* compte que leurs concurrents. On fait d’abord venir
des ouvriers étrangers, mais peu à peu les besoins augmentent, le
mouvement gagne la population indigène. Ainsi s’organise insensiblement
tout un mouvement industriel.
A Bucarest, Craïova, Ploiesti, on compte m aintenant de grandes
papeteries, des tanneries, des forges et ateliers de machines agricoles,
d’importantes fabriques de meubles, des usines de produits chimiques,
etc. Los deux tiers au moins des capitaux engagés sont
étrangers h
Les boissons spiritueuses qu’exigent les grandes villes sont de plus
en plus fabriquées sur place. A Bucarest, les trois fabriques de Bra-
gadir et Oppler fournissent près de trois millions de litres 2. L ’industrie
s’empare aussi des produits du sol comme les céréales, qui
sont livrées à meilleur compte à l’exportation dans les ports danubiens,
transformés en farines. A Braira, Galaji, des moulins perfectionnés
employant 1,358 ouvriers, donnent 125 wagons de
10,000 kilog. de farine 3.
Tel est le mouvement de l’industrie naissante en Yalachie. A la
petite industrie locale, domestique et corporative, qui subsiste dans
la plus grande partie du pays tend à se substituer, ou plutôt à se
surajouter, la grande industrie moderne qui se porte vers la région
minière et montagneuse et se localise dans la plaine autour des
grandes villes.
1. R obin et S ta ïco v ici. R ecueil de statistique roum aine, pp. 92-94, d’après Bull.
Min. Dom. IV, A v. 1893.
2. Robin et S taïcovici, op. cit., p. 97.
3. Robin et S taïcovici, p . 91.
CHAPITRE XXI
Les Villes de la Valachie.
I. Position des villes en Valachie. Les villes karpatiques. —; II. Les villes danubiennes,
les villes-carrefour de la plaine. — ITI. Caractère des villes vainques :
la vieille ville orientale, Craïova ; la ville moderne, Brâila ; types de transition
Plôiesci ; Bucarest.
Dans toute contrée où la civilisation a atteint un niveau assez
élevé, l’étude des villes peut être considérée comme le couronnement
et le résumé de l’analyse des conditions géographiques. Organismes
compliqués et délicats, dont l’existence dépend des faits physiques,
autant que des faits politiques, de l’histoire du sol autant que de
celle des hommes, elles sont l’expression la plus élevée de la vie
économique. Leur position, leur importance, leurs aspects, sont la
conséquence et comme le signe des caractères les plus essentiels du
pays.
La Yalachie, dont la surface est de 77,000 kilomètres carrés, et la
population, de 3,800,000 âmes, compte 15 villes de plus de 10,000 habitants,
6 de plus de 20,000, 5 de plus de 40,000, une de près de
300,000 (Bucarest, 282,071). La proportion de la population urbaine,
en ne comptant que les villes de plus de 10,000 habitants, n’est que
de 19 %. Peu de petites villes, mais, en revanche, un nombre de
grandes villes très supérieur à tout ce que l’on rencontre dans la
péninsule balkanique, telle est la caractéristique de la Yalachie ;
et l’on peut y voir le reflet fidèle de la nature d’un pays où la vie
urbaine est de date récente, où la population est encore presque
exclusivement agricole, mais où l’activité économique s’éveille, s’organise,
et se développe, en quelques points, avec une remarquable
rapidité.