cernent incliné vers le S., ne représente pas la pénéplaine triasique
elle-même, et ne rend pas l’aspect que devait présenter presque toute
la Yalachie vers le milieu de l’ère secondaire
Un fait digne d’être noté est que, si les dépôts triasiques manquent
complètement dans les Alpes transylvaines, ils existent sur les bords
du massif cristallin de la Moldavie septentrionale et dans la Do-
brodgea 3. On a même remarqué entre ces deux régions des parentés
de faciès et de faune qui peuvent faire supposer la continuité des
deux massifs cristallins et du bras de mer qui les longeait3.
En tout cas, ce n ’est qu’au jurassique moyen, qu’on constate une
avancée de la mer sur le bord oriental du massif cristallin valaque.
A partir de ce moment la séparation est définitive entre ce massif
et celui qui occupe le A. de la Moldavie. Le détroit qui les sépare
est le théâtre d’une série d’incursions, de reculs et de retours offensifs
de la mer, qui nulle part ne s’observent mieux que dans la région
de Câmpullung et Sinaïa, si bien étudiée par M. Popoviei-Hatzeg *■
Une série sédimentaire riche en fossiles, commençant par un conglomérat
et des grès ferrugineux, continuant par des grès calcaires, des
marnes et des calcaires, semblables à notre tithonique s’y développe
du bajocien supérieur au néocomien, avec une lacune qui témoigne
d’une émersion pendant le séquanien et le kimmeridgien. Une seconde
période d’émersion est constatée pendant l’albien et l’aptien,
mais le cénomanien est, comme dans toute l’Europe septentrionale
une époque de grande transgression; la mer vient déposer jusque sur
les schistes cristallins des masses énormes de conglomérats, grès et
sahles, plus ou moins consistants, qui forment encore tous les sommets
élevés de la région sédimentaire à l’E. de la Dâmbovij;a : Bucegiu,
Csukas, Sireu. L ’extension de ces dépôts paraît avoir été considérable.
Dans la région du Buzeu on peut constater qu’ils forment la
base du flysch.
1. Cet aspect et l’hypothèse qu’il suggère ont été bien notés par L. Mrazec. Contributions à l’histoire de la vallée du Jiu, loo. cit.
2. S a v a A ta n a sio . Studii geologice in Districtul Suceava, But. Soc. Sc. Bue.,
1898, pp. 61-113. — K. P e te r s . Grundlinien zur Géographie und Geologie der Dobrudscha, Denkschr. K. Ak. Wiss. Wien, XXVII, 1867. ■— A n astasiu . Contribution
à l’étude Géol. de la Dobrogea (Roumanie), Paris, 1898, carte 1/800,000’.
3. Haug. Revue annuelle de Géologie, Rev. gén. des Sc., 1899, p. 636.
4. P o p o v ic i-H a tz e g . Etude géol. des environs de Câmpullung et Sinaïa, carte
géol. 1/200,000*.
C’est après le cénomanien que paraît avoir commencé le soulèvement
qui devait édifier définitivement la chaîne karpatique. E n
effet, le turonien marque une nouvelle émersion dans la région de
Sinaïa, et le sénonien, dont les marnes rouges, si curieusement ravinées
dans la vallée de la Prahova, représentent les derniers dépôts
secondaires est tellement en retrait, qu’on peut supposer l’arc kar-
patique déjà à peu près dessiné. Il semble cependant qu il n ait pas
tout à fait présenté la même orientation générale qu’à l’heure actuelle.
La courbure en était sans doute moins accusée, le massif cristallin,
plus ou moins recouvert de sédiments secondaires occupant
alors presque toute la Transylvanie et l’Olténie, en continuité avec le
plateau prébalkanique. C’est ce qui expliquerait les dislocations
IST.-S. de la région du Bucegiu se moulant sur le rebord du massif
cristallin, où l’on voit les axes des plis s’infléchir vers le N. dans
la partie orientale des Eogarash. Cependant on constate que déjà
d’anciennes dislocations E.-O. reprenaient de l’importance. Le synclinal
du Lotru était envahi par la mer sénonienne qui y déposait,
après les conglomérats à ciment cristallinisé de Brezoiu 1, une série
de grès marneux mêlés de gros blocs calcaires 2.
C’est au tertiaire que l’arc karpatique, de même que la chaîne
alpine, s’est définitivement formé tel que nous le voyons. La mer
peu profonde et agitée du flysch continue pendant tout 1 eocène et
l’oligocène à amonceler sur le bord du continent émergé qu’elle
démantèle, et qui tend toujours à regagner le terrain perdu en se
soulevant, des dépôts élastiques : grès, marnes calcaires, argiles
schisteuses, qui forment presque toutes les hautes Karpates entre
les deux massifs cristallins moldave et valaque.
Il est probable, que pendant toute cette période, un lent mouvement
d’exhaussement se produisait déjà suivant l’axe des Alpes
de Transylvanie, compensé par un affaissement de la Yalachie ;
car plus les recherches géologiques avancent, plus on trouve vers
l’O. des lambeaux de flysch cachés sous les sédiments plus récents.
D’après M. Mrazec on les suivrait à l’O. de l’Oltu jusqu’en Olténie 3.
Cependant c’est à la fin de l’éogène que semblent s’être produits les
événements décisifs.
1. L. Mrazec. et G. Munteanu Murgoci. Muntdi Lotrülui Rue., 1898.
2. Redlich, Geologische Studien im Gebiet des Olt und OltelzLbales in Rumänien
Jahrb. K. K. Geol. Reichsanstalt, 1899, pp. 4 et sqq.
3. L. Mrazec et W. T etsseyre. Aperçu géologique sur les formations salifères
en Roumanie, Mon. d. intérêts pétrolifères rouin., III, 1902,