Elisabeta, B. Universtâjei et B. Carol I ; le Balais de Justice, sur le
quai de la Dâmboyija, en face la charmante petite église de Doamna
Balaya ; l’Eglise métropolitaine, sur son tertre isolé, près du Bule-
vard Maria; la Banque nationale, entre les rues Carageorgevici,
Smârdan et Lipscani, la Caisse des Dépôts, avec la nouvelle Poste
en face; la Préfecture de Police, le Palais Royal et le théâtre Calea
Yictoriei. Cette rue de la Victoire, autrefois Podul Mogoçei, où les
magasins luxueux, le brillant éclairage, la société élégante qui se
promène à la fin de l’après-midi, font oublier le tracé irrégulier et
l’étroitesse de la voie, a toujours été l’artère principale de Bucarest.
C’est là que circulaient à grand fracas les voitures des boyards, éclaboussant
les passants, et ébranlant les poutres placées en travers qui
constituaient encore, au début du siècle, le pavage prim itif h
L’image que présente le Bucarest actuel est sans doute quelque
cbose de transitoire ; on peut cependant croire qu’elle ne changera
pas sensiblement pendant encore un bon nombre d’années. Dans les
cinquante dernières années, tous les grands changements se sont
accomplis, les rues ont été pavées, de grands boulevards percés, des
lignes de tramways établiesyles édifices publics ont été presque tous
reconstruits. On ne reconnaît plus le Bucarest que nous décrivë'nt les
voyageurs du début du siècle 2, avec ses 127 églises et ses 80 mahale,
groupes de maisons perdues dans les vergers et séparées par des terrains
vagues, avec ses rues commerçantes sans trottoirs, cloaques de
boue en hiver et chemins poussiéreux en été. L’état actuel semble
être un état d’équilibre et correspond assez bien à la situation économique
du pays.
La vie de Bucarest a- déjà les caractères de la vie des grandes
villes. La population y croît moins par excès des naissances sur les
décès que par immigration. La moyenne des naissances, de 1893 à
1897, est de 37 %0, et celle des décès, pour la même période, est de
29 %o 3. La proportion des étrangers est de près de un tiers (96,374
sur 282,071, soit exactement 34 %), parmi lesquels 43,000 juifs
1 . Mo n n ie r , a r t. c it.
2. On en trouvera des extraits caractéristiques dans Licherdopol. Bucuresti.
3. A n n . Statistic al Oraçului Bue. pe anal 1897, Bue., 1899. Voici les moyennes
de mortalité par périodes de 5 ans : 1867-71, 36,98 ; 72-76, 36,5 ; 77-81, 35,3 ; 82-86,
26,7 ; 87-91, 29-1 ; 92-96, 30,75 ; 97, 27,1 (p. 213).
, (15 %), 36,827 catholiques et protestants (Allemands, Autrichiens,
Italiens, Français) 1.
Pour nourrir, chauffer, habiller les 300,000 habitants de la capitale,
dont une bonne partie ont des besoins de luxe inconnus à la
campagne et dans les petites villes, presque toute la Valachie est
mise à contribution. Bucarest réclame près de 2 millions de kilogrammes
de farine de luxe, 38 millions de kilogrammes de farine
ordinaire, donnant 50 millions de kilogrammes de pain, sans compter
le maïs, encore très répandu chez tous les artisans et dans les quartiers
extérieurs. La consommation en viande de boucherie s’élève à
16 millions de kilogrammes, celle du poisson frais à 210,000 kilogrammes.
Le peuple, qui se nourrit encore volontiers de poisson fumé
ou salé, en absorbe 564,000 kilogrammes. Il faut à la capitale 2 m illions
de décalitres de vin, 421,000 décalitres de liqueurs et 651,000 décalitres
de bière, qu’elle fabrique d’ailleurs en grande partie elle-
même. Pour se chauffer et mettre en mouvement les machines de
ses usines, elle demande 22 millions de kilogrammes de charbon,
827,000 stères de bois ; pour s’éclairer, elle consomme près de 5 millions
de kilogrammes de pétrole 2. Les prix de tous les objets de consommation
ont notablement augmenté dans les dernières années et
atteint des valeurs inconnues à la province 3.
Le mouvement de la circulation sur les voies de tramways (14 millions
de voyageurs en 1897) et dans les gares (1,800,000 voyageurs) 4,
prouve une activité peu commune en Valachie. La fréquentation des
écoles primaires, plus élevée que partout ailleurs (13,528 inscrits sur
19,556 enfants en âge de fréquenter l’école) B, la prospérité des établissements
secondaires, lycées et écoles privées, ainsi que de l’U niversité,
montrent une population avide de s’instruire.
1. Recinsimintul général al populafiunei României Rezultate provisorî, Bue.,
1900, pp. 41-44.
2. Ànn. Statistic al Oraçului, Bue., r>p. 464-65.
3. Voici quelques prix. La farine ordinaire varie de 0 fr. 25 à 0 fr. 31 le kilog.
Farine de maïs 0 fr. 12 à 0 fr. .17. Beurre 3 fr, 30 à 2 fr. 90 le kilog. Fromage de
brebis 0 fr. 85 à 1 fr. 05.' OEufs, le cent 7 fr. 40 à 3 fr. 60. Poulets, la paire 2 fr. 60
à 3 fr. 14. Ann. Stat., pp. 450-51.
4. Ann. Statistic., p. 503.
6. Ann. Statistic., pp. 537 et sqq.