naturelles. Nulle part en effet, si ce n’est aux environs du Buzeu,
on ne retrouvera démarcation aussi nette entre la zone des collines
et celle des plaines valaques. L ’érosion active d’un fleuve tel que
l’Argeç, suivant peut-être une ancienne ligne de dislocation a pu,
seule, m aintenir une ligne de contact aussi franche.
A l’O. de l’Argeç, les collines viennent, comme en Olténie, se
raccorder insensiblement avec la terrasse diluviale. Entre Pitesci,
Slatina et l’embouchure du Topologu, s’étend une sorte de plateau
faiblement incliné vers le S.-E., formé de couches marno-sableuses
à peu près horizontales, recouvertes de plus en plus par le limon au
fur et à mesure qu’on descend vers le S. Pas une seule grande vallée,
mais partout des sources et des vallons peu profonds, c’est notre
région des basses collines de Vedea. La population y est extrêmement
dispersée, chaque repli de terrain cache un hameau, la densité
moyenne dépasse à peine 40 habitants par kilomètre carré. C’est ici
la dernière fois qu’on retrouve ces basses collines, trait caractéristique
de l’Olténie. Leur disparition définitive à l’E. de la Dâm-
bovija est le signal de l’entrée dans une région nouvelle, vers laquelle
les collines d’Argeç formaient une transition.
n
De Târgoviste à Focçani, la largeur moyenne de la zone des
collines est réduite à moins de 50 kilomètres, mais elles deviennent
d’autant plus élevées, et se soudent de plus en plus intimement à
l’arc karpatique. Malgré sa faible étendue, c’est ici qu’est la région
la plus riche, la plus intéressante, la plus variée d’aspects. Des
coteaux plus ou moins élevés, souvent couverts de forêts de chênes,
des vallées plus ou moins larges, toujours assez peuplées et couvertes
de champ de maïs, tel est en somme le spectacle qu’offre à peu près
partout l’Olténie. Le voyageur qui parcourt les collines de Munténie,
découvre à chaque instant un aspect nouveau.
Après la large et fertile vallée du Buzeu, tout entière livrée à
l’agriculture, semée de hameaux qui se suivent en file serrée au
milieu des vergers et des champs, dominée par des collines au profil
effacé, aux sommets encore boisés ; quel contraste offrent les environs
de Campiña ou de Baieoi : coteaux brûlés, noirs de pétrole, sans
herbe, sans végétation, vallons criblés de trous de sonde, où retentit
le sifflet des sirènes, où se dressent dans l’air les cheminées des puits
d’exploitation ! La vallée de Prahova, dans la traversée des marnes
sénoniennes a des perspectives aussi curieuses : sous un ciel éclatant
les teintes rouges et vertes du sol, partout mis à nu par une
érosion formidable, les ravinements des collines déboisées, les vallons
verdoyants où se cachent les villages au milieu des pruniers, composent
un spectacle étrange et non sans charme. Plus singulier encore
est l’aspect des vallées où les formations salifères viennent au jour.
Les rocs de sel percent à chaque instant dans la vallée de Slanic, on
les voit étinceler sous le soleil au milieu d’une végétation spéciale
aux teintes d’un vert grisâtre. L ’eau des ruisseaux et les alluvions
qu’ils déposent contiennent parfois assez de sel pour que les buissons
d’atrvplex, aux feuilles blanchâtres, couvrent le fond des vallons.
Ainsi quelques courses faites au hasard suffisent pour donner
l’impression d’un pays aussi varié d’aspects que riche en ressources
de toute espèce. La population plus nombreuse qu’en aucune partie
de l’Olténie y est distribuée aussi de façon plus inégale. Rien qui
ressemble en deçà de l’Oltu à des fourmilières comme la vallée de
Prahova, où la densité de la population atteint 370 habitants par
kilomètre carré. Nulle part les contrastes ne sont plus frappants
dans le groupement de la population.
C’est ici qu’on sent le mieux les différences profondes qui séparent
la Munténie de l’Olténie. Ces différences d’aspects et de vie économique
sont en rapport avec des différences de nature physique.
Tandis que les collines d’Olténie, nettement séparées des Karpates
ont leur structure propre et doivent leurs formes de relief à l’érosion
de rivières conséquentes suivant l’inclinaison générale du sol ; les
collines de Munténie, soudées de plus en plus intimement à la haute
montagne, sont obligées d’en épouser la structure, et l’érosion, de
plus en plus asservie aux exigences d’une tectonique compliquée,
finit par donner un réseau de vallées et de crêtes correspondant exactement
aux plissements. On peut suivre cette transformation graduelle
de la Dâmbovija au Buzeu.
La région montueuse qui s’étend au N. de Târgoviste est déjà
quelque chose de nouveau pour le voyageur venant des collines
d’Argeç. Sans doute l’allure générale du relief est encore la même,
ce sont les deux vallées où la Jalom ifa et la Dâmbovija coulent
droit vers le S. en suivant la pente générale du sol, qui en sont le
trait principal et la ligne directrice. Mais déjà l’on remarque la disparition
complète des dépressions subkarpatiques, et si l’on scrute