à la surface d’un pays condamné, sans elles, à la sécheresse. La population
s’est portée naturellement vers cette région, où les sources
abondent, où des puits de quelques mètres donnent une eau excellente
et abondante. C’est de cette eau des sources et des puits et non
des flots boueux de la rivière que parle la chanson :
« Dâmbovita, apâ dulce —- cine te bea nu se mai duce. »
Dambovita, eau délicieuse — qui t’a bu ne peut s’en aller!
Le paysan roumain retrouvait ici les facilités d’établissement qui
lui font tan t aimer la podgaria, la région des collines. C’est encore
en petits hameaux qu’il se groupe de préférence. Les gros bourgs ne
commencent qu’aux environs de Bucarest.
La région actuellement drainée par la haute Jalom ija et ses
affluents a plus d’un trait commun avec celle-ci. La pente du sol
y est moins forte et tourne à l’E. ; mais l’abondance des eaux descendant
des monts du Bucegiu est telle qu’on retrouve encore un grand
nombre de vallées, et, si les affluents de droite de la Jalom ija ont
été réduits à l’état de lacs allongés dans des vallées sans issue (Balta
Znagov, Pociovalistea), ceux de gauche arrivent de la montagne
avec un élan assez vigoureux pour continuer leur course. L ’eau est
ainsi partout voisine de la surface; des forêts encore assez importantes
s’étendent principalement au S. de la Jalomija. Les villages
sont surtout nombreux et régulièrement dispersés de ce côté. La
moyenne de la densité de la population s’élève à 56 habitants par
kilomètre carré.
A l’O. de l’Argeç, la région appelée Haute Terrasse de Vedea, du
nom de la rivière principale qui l’arrose, est encore un pays assez
richement arrosé et, relativement bien peuplé (45 habitants par kilomètre
carré). Elle a le désavantage de ne posséder aucun cours d’eau
d’origine montagnarde. Aussi, les vallées y sont-elles moins larges,
moins profondes et presque sèches en été. Lorsqu’on suit, au mois
d’août ou de septembre, la ligne ferrée de Slatina à Pitesci, on croit
traverser un pays absolument dépourvu d’eau. Toutes ces vallées,
Yedea, Yediçoara, Teleorman, se ressemblent. L’oeil cherche l’eau
dans ces larges dépressions, où les bouquets de chênes et l’herbe plus
verte de place en place, indiquent seuls un sol plus humide ; lorsqu’on
franchit enfin le lit de la rivière, sur un grand pont métallique, on
est étonné du maigre filet d’eau qu’on voit se traîner au milieu de
bancs de sable et de cailloux.
Ces vallées sont pourtant de véritables oasis, les sources y jaillissent
au flanc des berges limoneuses, les villages s’y pressent. Le
plateau, où les taillis de chênes buissonnants couvrent seuls de grands
espaces, est inhabité. C’est le Câmpu (Câmpu Burdea, entre Cotmana
et Teleorman, Câmpu Gavan, entre Teleorman et Dâmbovnic, etc.).
La partie la plus élevée de la terrasse diluviale n’est pas seulement
la plus peuplée, c’est celle où sont les centres urbains les plus importants
de la Munténie : Pitesti, Târgoviste, Ploiesti, sont des métropoles
situées au; contact des deux régions naturelles les plus différentes
par leur aspect et leurs ressources économiques.
I I I
Les parties basses de la terrasse sont moins favorisées à tous égards.
Mais, dans la région occidentale de la Munténie, où les collines sont
plus rapprochées du Danube, elle est encore assez arrosée et relativement
bien peuplée.
La Basse Terrasse de Teleorman est sensiblement plus élevée
qu’aucun autre point de la plaine valaque au voisinage du Danube.
A Turnu Mägurele, elle domine le Danube par une falaise de
100 mètres. Les vallées du Cälmäjuiu, de Yedea, Teleorman y sont
entaillées assez profondément. Tout ce pays était encore assez boisé
il y a quelques siècles. Le nom même de Teleorman, d’origine cou-
maine, voudrait dire la mauvaise fo rêt1. Les chansons populaires
pleurent la forêt, dévastée par le marchand grec 2. Il est certain que
la plaine a été considérablement déboisée au temps des hospodars
phanariotes ; tous les ans, des vaisseaux chargés de bois partaient
pour Constantinople 3. Mais il n’est pas moins vrai qu’une zone de
steppe a dû exister de tout temps le long du Danube, où l’épaisseur
du loess est aussi considérable que dans le Bärägan.
Actuellement, les champs de blé et de maïs couvrent à peu près
toute la région. Les départements de Teleorman et Vlaçca dépassent,
pour les céréales, les plus riches terres ; les deux tiers de Teleorman,
près de la motié de Ylaçca, sont livrés à cette culture (v. chap. X Y III).
Comme il arrive dans les pays agricoles et secs, la population, encore
assez nombreuse (31 habitants par kilomètre carré), paraît presque
. 1. Haçdeu. Origínele Craiovei.
2. « G& pädurea mío táia, — pâlânguta mio faeeä, » Diction, geogr. Dep. Teleorman,
p. 367.
3. Vasilescu. Die forstwirthschaitlichen Verhältnisse Rumäniens,